Café littéraire : Opus 77 d’Alexis Ragougneau.
Par Michel Antoni.
Présentation :
"Jeune pianiste virtuose de renommée internationale, Ariane Claessens s’apprête à jouer dans la basilique de Genève lors de la cérémonie d’enterrement de son père, le célèbre chef de l’Orchestre de Suisse Romande.
Elle revoit, dans un monologue intérieur, sa vie dans une famille où tout célèbre la musique, une famille sous la direction elle aussi du tyrannique chef, maintenant terrassé.
Et si elle choisit l’Opus 77 de Chostakovitch, avec son côté maléfique initial suivi d’une agonie poignante avant l’explosion d’une fête populaire finale, c’est que ce morceau, tous le savent dans l’assistance, a brisé l’histoire familiale.
Car ce monde qui est celui de l’excellence, de la beauté et de la sensibilité est aussi celui de la dureté au-delà de l’exigence, et de la violence. Réussir ou fuir, telle est l’alternative. Et pour la mère, chanteuse lyrique, et le fils, brillant violoniste à la fragilité exacerbée, c’est la fuite dans le silence.
Un superbe roman bien enlevé qui nous éclaire progressivement l’envers du décor de ces orchestres et musiciens d’exception, mais aussi les tensions et drames familiaux à la manière des grandes tragédies grecques ou shakespeariennes (voire d’un « Dallas » musical !).
Et bien entendu le choix de l’Opus 77 pour servir de thème et de fil rouge à ce récit n’est pas un hasard car il tient une place à part dans l’œuvre de Chostakovitch, aux prises avec la terrible censure stalinienne et qui ne pourra être créée qu’après la mort du « Père des peuples ».
Michel Antoni.
