samedi 6 octobre 2018

La Conjuration de Madame Royale : prologue 2e partie.


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En bas, le ton semblait monter ; les voix se faisaient plus hautes, plus intenses ou plus aiguës. L’exaltation gagnait les conspirateurs que rongeait l’impatience d’en découdre. En une nouvelle démonstration d’allégeance et de fidélité, G., cette fois-ci, exhiba une arme des fontes de sa monture, et prêta serment à la svelte Dame de qualité qu’il servait déféremment. Il jura, en une langue recherchée, presque hermétique, que le canon qu’il brandissait servirait à débarrasser le Royaume de France de celui qui en usurpait le trône. Or, le modelé de la crosse et la facture même de ce pistolet, prouvaient son étrangeté. Il s’agissait d’un revolver, un Colt à barillet,
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 pouvant tirer six balles cylindro-coniques, introduit dans les armées françaises lors de la réforme de Ségur,
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 secrétaire d’Etat à la Guerre, près de vingt ans auparavant, réforme qui avait conduit à renouveler de fond en comble ce que l’on ne qualifiait pas encore de puissance de feu ou de frappe, ce qui avait contribué à la suprématie continentale de la France depuis 1782. Le comte di Fabbrini,
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 en plus de la machine à vapeur, avait été l’introducteur de tout un armement d’avant-garde, futuriste pourrions-nous écrire, composé de canons d’acier chargeables par la culasse, de fusils à percussion et à répétition, et même de mitrailleuses, de cuirassés caparaçonnés défendant nos côtes avec âpreté, sans omettre une flotte aérostatique de reconnaissance, d’espionnage, voire… de bombardement. [1]
Toujours plus intéressé, le chemineau ne pouvait plus dormir. Il observait ce qui se déroulait au pied de la Porte noire, ne pouvant s’empêcher, çà et là, de marmotter entre les dents : « Pristi de pristi ! Que le boulanger me patafiole ! »
Nous le subodorons aisément : du marginal, l’homme en avait seulement l’apparence. Son aspect misérable constituait la meilleure des couvertures et assurait sa discrétion. Nul n’eût pu soupçonner un humble vêtu de loques d’appartenir aux mouches de Fouché. Notre homme se dénommait Michel Simon.
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 Il excellait dans les rôles de composition et savait se montrer indécelable, noyé dans la foule des pauvres hères, de la multitude, dont le niveau de vie n’avait pas profité de la révolution technique copernicienne du comte ultramontain.   
« Pristi ! Je dois informer mon supérieur de ce qui se trame contre le connétable…pardon, notre nouveau roi ! »
L’espion disposait d’un télégraphe optique miniature, mais il était malaisé aux heures nocturnes d’en capter les signaux. Aussi rongea-t-il son frein, jusqu’à séparation du trio alors qu’approchait l’aurore. Napoléon le Grand serait informé qu’un attentat se tramait contre lui…

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A suivre...

[1] Voir le roman Le Nouvel Envol de l’Aigle.