vendredi 9 septembre 2011

Une poésie de jeunesse d'Aurore-Marie de Saint-Aubain.


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Je pleure l’amour enfui seulette en mon palais.
Tourangelle de buis, morvandelle de blé.
Pastourelle au flageolet flutiau qui en la prime enfance
Jouait la tarentelle et encor d’autres danses.

Je pleure l’amour parti pauvresse en ma chaumine.
Grand’belle suis, petite blonde aussi.
Inerme est la rose, blettie est l’étamine.
Eclisses du bois d’or dites alors me voici !

Je pleure l’amour volé blasée du bel été.
Arantelle des bois, aulnaie aux passeroses.
Que la bergeronnette en cet arbre étêté,
Entonne son trille festif auprès des primeroses !

Je pleure l’amour fané en l’étiolée jonchée.
Malemort, tu te ris, vilenie, tu me blesses !
Mauvaiseté des sens, moques-tu mes péchés ?
Menterie du faux Dieu, veux-tu donc que tout cesse ?

Je pleure l’amour fini en ma bière gaufrée.
Partie par le trépas, d’une fluxion emportée,
Flaccide lys suri, failli est l’hyménée.
Lors est la tige hispide…et j’ai pourri sur pieds.

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Cette poésie a été composée par Aurore-Marie de Lacroix-Laval en 1875 lorsqu’elle avait douze ans, à la mort de son frère cadet. Elle est représentative du dernier stade de sa première manière, avant qu’elle se convertisse aux surcharges parnassiennes.

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