samedi 17 juin 2017

Cybercolonial 2e partie : Du rififi à Kakundakari-ville chapitre 19 12e et dernière partie.



Mars 1952. Lequel ?
Investi de justesse Président du Conseil, Anselme Lefort avait daigné conserver son portefeuille favori, le Ministère des Finances. Dans le bureau lambrissé des salles Napoléon III du Louvre que les grands argentiers de la République occupaient encore à l’époque, l’homme politique chevronné attendait la visite discrète d’un subordonné occulte. 
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Une poignée de minutes plus tard, un type de haute taille déjà quelque peu bedonnant avec une tendance marquée à la calvitie, toquait au battant de la porte du bureau de Monsieur le ministre. Après que celui-ci lui eut commandé d’entrer, l’homme s’introduisit dans la pièce luxueusement décorée et, sur un signe de son supérieur, posa son postérieur fessu sur un fauteuil quelque peu tapageur du style Second Empire.
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- Monsieur Lefort, il est heureux que vous ayez refusé de siéger à l’hôtel Matignon, ainsi, j’ai pu déambuler dans les couloirs sans me faire remarquer. Si vous m’avez fait venir jusqu’à vous, je suppose que c’est pour me donner de nouvelles instructions.
- En effet, mon cher Bernard, vous rempilez. 
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- La suite de l’affaire de Bonnelles ?
- On peut dire les choses comme cela. Cependant, je vous mets en garde. Votre prochaine mission sera plus périlleuse que la précédente. Vous allez voir du pays, et vous retrouver confronté à des personnes surprenantes. Toutes vos facultés intellectuelles et physiques vont être sollicitées. J’espère que vous étiez un bon élève lorsque vous faisiez vos humanités.
- J’avais la moyenne en latin.
- Il faudra améliorer cela. Quant au grec ?
- J’étais meilleur qu’en latin.
- Tant mieux. Mais il faudra réactualiser ces connaissances, puis en acquérir d’autres, notamment quelques notions d’hébreu, et pourquoi pas de sanskrit ou d’araméen.
- Je vois. Cela signifie que je vais me déplacer dans un lointain passé.
- Pas dans l’immédiat. Ce voyage n’est qu’un des volets de votre prochaine mission.
- D’accord. Quant aux langues étrangères actuelles…
- L’anglais évidemment, rajoutez-y l’espagnol du temps d’el Siglo de Oro et l’allemand de l’époque de l’Empereur Rodolphe.
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 Pour les connaissances générales, je vous conseille de réviser des textes majeurs comme la Kabbale, Les Upanishad, l’Avesta et Les Veda. Rassurez-vous, vous ne les lirez que dans des traductions.
- Oui, monsieur. Mais de combien de temps vais-je disposer pour rafraîchir ma connaissance dans le domaine des études orientales ?
- Oh, une semaine… et je suis bon prince. Pour vous aérer l’esprit, allez trouver un maître d’escrime.
- D’Oriola ? 
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- Pourquoi pas ? Ce jeune est fort prometteur. Je le vois bien médaillé olympique dans quelques mois. Naturellement, vous acceptez cette mission, Bernard.
Le ton dont usa Anselme Lefort fit ciller l’espion.
Le ministre reprit.
- … car, voyez-vous, si vous estimez que c’est trop vous demander, je recourrai directement à Monsieur Paul. 
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- Non, non, cela ira. Je préfère qu’il reste à sa place et demeure mon second.
En son for intérieur, Bernard Blier songeait avec raison que Monsieur Paul était davantage un homme de terrain que lui, et qu’il se mouillerait plus. Il ne s’inquiétait pas pour les membres masculins de l’équipe. Francis Blanche en serait une fois de plus. Avantage non négligeable : Monsieur Paul excellait dans le maniement d’armes anciennes. Cela lui était naturel ; car il était un des collectionneurs les plus réputés de ce genre de bibelots sur le marché. Mousquet,
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 arquebuse, pistolet à rouet n’avaient aucun secret pour lui. Toutefois, il restait l’épine de E.E. Connaissant son entregent et sa souplesse physique, il peinait à l’imaginer user des arts martiaux, son corps emprisonné dans un vertugadin.
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 Certes, la petite était douée en langues, mais les bonnes manières lui échappaient. Jamais elle ne passerait pour une « grande dame » à la cour de Rodolphe ou d’un des rois Philippe d’Espagne. Mais l’heure était venue pour lui de prendre congé de Monsieur le ministre.
Alors qu’Anselme Lefort allait se livrer à son activité récréative coutumière la bouffarde, Bernard Blier jeta poliment :
- Puis-je aller prévenir mon équipe habituelle que nous reprenons du service, Monsieur ?
- Oui, bien sûr ! Allez, j’attends votre coup de fil demain matin à sept heures au numéro que vous savez.
L’espion se leva et salua Anselme dans les règles. Une fois reparti, le président du Conseil et ministre des finances tira avec satisfaction sur le tuyau de sa pipe.
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Fin de la seconde partie. 
A suivre : épilogue...