Toujours revêtu de son costume
de dandy,
Daniel, fort peu pressé, parvint tout doucement à l’hôtel San Cassiano, où ses compagnons d’aventure l’attendaient. Une aube rouge se levait, un flamboiement écarlate du firmament, comme si le sang de la mort d’Aurore-Marie de Saint-Aubain eût éclaboussé la voûte céleste. En fait, l’âme du Préservateur était émue, mais lui n’en laissait rien paraître si ce n’était ce geste d’épousseter d’une pichenette les ultimes restes ténus d’une poussière multicolore d’écailles d’ailes de papillon, dernière trace organique tangible de celle qu’il venait d’effacer dans le non-envisageable. L’accueil des animaux familiers ne le prit pas par surprise. O’Malley lui sauta dessus avec sa grande langue baveuse et se mit aussitôt à le lécher consciencieusement. Ufo, quant à lui, se contenta de venir se frotter contre les jambes de son maître et de ronronner.
Daniel, fort peu pressé, parvint tout doucement à l’hôtel San Cassiano, où ses compagnons d’aventure l’attendaient. Une aube rouge se levait, un flamboiement écarlate du firmament, comme si le sang de la mort d’Aurore-Marie de Saint-Aubain eût éclaboussé la voûte céleste. En fait, l’âme du Préservateur était émue, mais lui n’en laissait rien paraître si ce n’était ce geste d’épousseter d’une pichenette les ultimes restes ténus d’une poussière multicolore d’écailles d’ailes de papillon, dernière trace organique tangible de celle qu’il venait d’effacer dans le non-envisageable. L’accueil des animaux familiers ne le prit pas par surprise. O’Malley lui sauta dessus avec sa grande langue baveuse et se mit aussitôt à le lécher consciencieusement. Ufo, quant à lui, se contenta de venir se frotter contre les jambes de son maître et de ronronner.
Mais les humains du groupe ne
l’interrogèrent même pas comme si le sort de cette madame de Saint-Aubain ne
les intéressait pas, comme si elle n’avait été qu’un simple parasitage du
Pantransmultivers. Pour eux, les dés avaient été jetés. Seul Symphorien
Nestorius manifesta une certaine bougonnerie lors du retour de
l’Expérimentateur, mais celle-ci n’avait aucun lien avec les précédentes
péripéties.
- Bougre de citron de
Corse ! Ne cessait-il de maugréer. Ça fait bien une heure que je m’escrime
à plier cette cocotte. Je ne suis pas doué.
- Capitaine, persifla Spénéloss,
je vous rappelle qu’il ne s’agit pourtant là que d’un simple exercice
élémentaire de géométrie dans l’espace.
- Oh ! Vous, l’espèce
d’elfe au sang jaune, vous me tapez sur le système.
- Mon cher Craddock, lança Dan
El, vos pliages ne sont pas aussi ratés que cela. Si vos cocottes avaient été
signées par Picasso, elles figureraient dans un musée au début du XXIe siècle.
- Pff ! Je n’en crois rien,
grommela le mal-embouché.
- Pourtant, vous avez tort, mon
ami. Tous les joujoux de mon fils Bart sont fabriqués par cet artiste de génie,
récemment arrivé chez nous dans la Cité. Pablo se fait un plaisir de m’en faire
cadeau.
Deanna Shirley émit alors une
réflexion acerbe.
- Daisy Belle, qui collectionne
n’importe quoi, possède tout un lot de céramiques laides au possible. Mais,
elle ne s’en séparerait pour rien au monde car elles ont été tournées par le
grand peintre en personne. Désolée de ne pas aimer ce que Pablo invente. Moi,
j’ai un faible pour Utrillo et Georgia O’keeffe.
Les comédiens, en retrait,
installés confortablement, se contentaient de parties de belotte et d’écarté,
refusant de mêler leur grain de sel dans cette conversation futile. Comme
d’habitude, Erich von Stroheim se faisait plumer par Carette. Cela le mettait de
mauvaise humeur. Il marmottait :
- Shit !
- Holà, compère, sois donc pas
mauvais perdant, répliquait le Parisien avec son sourire moqueur. Tu ne vas
tout de même pas y laisser ta peau.
- Mais son dernier billet de
mille louis, ajouta Louis Jouvet, narquois.
- Moi, il y a longtemps que j’ai
renoncé à jouer avec vous, siffla Gabin. J’en ai marre de me faire ratisser.
J’ai trouvé les leçons d’escrime de Gaston plus profitables.
Avec modestie, l’ancien
mousquetaire salua Jean et rétorqua :
- Je n’ai aucun mérite. Je suis
presque né avec une épée à la main. Mais Daniel et Frédéric sont de meilleurs
pédagogues que moi.
- Ne m’oubliez pas, les hommes,
ajouta Violetta de sa voix pointue. La prof attitrée de Harrtan de la Cité,
c’est moi !
Lorenza rectifia, les yeux au
ciel.
- Oui, avec une ceinture bleue,
tu dois encore t’améliorer, ma fille.
Alban et Guillaume bouillaient
d’impatience. Pieds Légers jeta au Danseur de Cordes :
- Maître, pourquoi nous attarder
encore ici ? Je veux en découdre à nouveau. Cette affaire n’est pas
entièrement réglée, non ?
- Tu as tout à fait raison, mon
petit. Aurore-Marie de Saint-Aubain n’a jamais existé désormais, mais les Tétra
Epiphanes qui lui sont antérieurs, oui. Je dirais aussi que la secte n’a pas eu
besoin d’elle pour perdurer.
Spénéloss, l’Hellados, venait de
percevoir un changement minime dans la réalité de cette chronoligne. Un flash
furtif avait traversé son esprit. Il avait vu subliminalement Sir Charles
Merritt partir sur une nouvelle piste à son retour à Londres. Les Anglais
dirigeaient la secte en lieu et place de la poétesse jamais née. C’étaient les
Tétra Epiphanes qui, en ce nouveau temps, avaient permis l’expansion coloniale
britannique en Afrique du Cap au Caire et leur nouveau Grand Prêtre se nommait
Cecil Rhodes. Disraeli et Gladstone avaient été tour à tour les numéros 2 de
ladite secte. Quant au mathématicien perverti, il avait maintenant l’objectif
d’en prendre le contrôle. Plus intéressant encore, l’Hellados avait senti le
transfert de Lise de Saint-Aubain à l’Agartha, ce qui signifiait également la
poursuite de l’existence du concomitant, celui qui était né à la même
attoseconde qu’elle.
Se levant, l’extraterrestre prit
à part le Préservateur et lui glissa à l’oreille, de la façon subtile qui était
sa marque de fabrique :
- Sir, êtes-vous si certain que
le Temps A a remplacé le temps B ? Ne serions-nous pas plutôt en train de
nous mouvoir dans une piste C ? Qu’aviez-vous donc promis à la baronne de
Lacroix-Laval avant de la vouer à la non-existence ? En toute logique,
rien n’aurait dû subsister de cette impasse apparue en 1863… or, non seulement
des messages subliminaux sont venus confirmer mon impression que le tissu
transtemporel venait d’être remodelé par vos actes, mais j’ai également capté
deux pensées de Lobsang et d’Uruhu m’informant d’une nouvelle résidente dans la
Cité.
- Oui, évidemment, Spénéloss.
C’est parce que je vous ai autorisé à percevoir tout cela, proféra Daniel Lin
avec sang-froid.
- Sir, reprit l’Hellados, après
tout, le Temps ne serait qu’une arborescence buissonnante darwinienne d’un
nouveau genre entre vos mains, une ramification infinie découlant d’un instant
zéro hypothétique, une descendance par modification de ce même instant zéro. La
plasticité du Pantransmultivers me surprendra toujours…
- Pour simplifier, on peut dire
les choses comme cela, se contenta d’opiner Dan El.
- Lise de Saint-Aubain existe.
Avez-vous songé à effacer de la mémoire de la fillette l’existence de sa
mère ? Si vous ne l’avez fait, cela entraîne un paradoxe. Cette enfant ne
serait-elle pas un greffon incongru, une survivance impossible d’une
chronoligne non née, non prédictible ?
- Ah ! Les Helladoï !
Soupira Daniel… mais qu’est-ce qui m’a pris de…
L’Expérimentateur stoppa net. Il
allait jeter : « de les créer… ». Cependant, imperturbable,
l’extraterrestre poursuivait son raisonnement imparable de logique.
- Sans parenté biologique, Lise
de Saint-Aubain est le clone parthénogénétique d’une mère matrice n’ayant
jamais existé. Sir, cela n’a pas l’air de vous déranger.
- Au risque de proférer une
hérésie, lieutenant, je dirais que cette enfant est la fille de Pan Logos, de…
vous avez compris…
- Plus qu’un ange, donc, plus
qu’un séraphin, enchaîna Spénéloss, un miracle… c’est une potion amère à avaler…
encore une question, sir…
- Formulez-la mon cher
lieutenant, je suis tout ouïe.
- A propos du concomitant, avant
de vous rendre à l’affrontement final, vous nous aviez dit que la prochaine
mission où ces dames seraient mises à l’honneur, consisterait entre autres à
quêter son identité exacte mais aussi à le protéger.
- Vous vous rappelez tout,
Spénéloss.
- Mieux que cela, sir. J’ai
conservé l’intégralité de ma mémoire, non seulement de tous les événements que
nous avons vécus en Afrique et à Venise, mais aussi des pensées que vous émîtes
çà et là, notamment lorsque, sur nos dinghies, nous traversions la cloaca
fantasmatique à l’approche de la cité de Maria de Fonseca.
- Décidément, je vous autorise
trop de choses, lieutenant.
- J’en ai conscience, sir. Dès
cet instant, sur les dinghies, alors que nous courions un grave danger, à moins
qu’il ne fût qu’une simple simulation ludique d’A El…
- Tout de même pas, contra Dan
El.
- Vous aviez déjà deviné que
ledit concomitant n’était autre que le père jésuite évolutionniste Teilhard de
Chardin,
l’auteur du Phénomène humain, le père de la théorie de la Noosphère. Il naquit le 1er mai 1881, au même instant que Lise de Saint-Aubain, plus précisément à Sarcenat, en Auvergne. Sir, pardonnez-moi, mais je suis dans l’obligation de vous dire que vous nous avez menti, bien que mes lèvres s’offusquent à prononcer ce mot… mais vous en avez l’habitude, ce me semble…
l’auteur du Phénomène humain, le père de la théorie de la Noosphère. Il naquit le 1er mai 1881, au même instant que Lise de Saint-Aubain, plus précisément à Sarcenat, en Auvergne. Sir, pardonnez-moi, mais je suis dans l’obligation de vous dire que vous nous avez menti, bien que mes lèvres s’offusquent à prononcer ce mot… mais vous en avez l’habitude, ce me semble…
- Oui… Question de survie, de
protection de l’Information, grommela Dan El.
- De fait, vous savez déjà ce
qui arrivera.
- Oui, effectivement, mais c’est
dans ma nature.
- Vous avez donc échafaudé tout
un plan d’actions, réparti l’ensemble des rôles, distribué les cartes. Le
déroulement de nos prochaines aventures est déjà acté, écrit et je ne puis que
m’y soumettre.
- Vous avez entièrement raison.
Je puis vous dire dès maintenant que je vais avoir besoin de vous ainsi que de
Gaston de la Renardière. Non pas que protéger Teilhard à l’époque de la Guerre
froide représente une sinécure mais, la mission à laquelle je vous destine
primera sur celle imposée à ces dames.
- Merci pour votre confiance,
sir. Vous sous-entendez que nous bénéficierons de la primauté de l’affrontement
contre l’adversaire le plus dangereux.
- Parce que je sais que vous
êtes capables de vous tirer des pièges les plus tordus. Je ne mésestime
cependant ni Daisy Belle ni Birgit ni Lorenza. Lorsqu’elles auront affaire aux
séides du tsar rouge qui ont pour noms les frères Fouchine, ce ne sera pas une
partie de plaisir. De même, de vieilles connaissances, que nous eûmes
l’occasion de croiser à Bonnelles vont se rappeler à nos bons souvenirs. Ces
espions français d’opérette semblés tirés tout droit d’un film populaire
hexagonal bidimensionnel du milieu du XXe siècle dialogué par Michel Audiard,
vont leur et vous donner du fil à retordre puisqu’ils disposent eux aussi d’une espèce de translateur primitif conçu je ne sais trop par qui. Je n’ai pas encore eu l’occasion de m’atteler à ce problème mineur à mes yeux. Comme vous l’avez compris, ils ont un supérieur, ce serait trop simple d’affirmer qu’il n’est que le chef des services secrets français pendant la Guerre froide. Manifestement, il est avant tout autre chose.
vont leur et vous donner du fil à retordre puisqu’ils disposent eux aussi d’une espèce de translateur primitif conçu je ne sais trop par qui. Je n’ai pas encore eu l’occasion de m’atteler à ce problème mineur à mes yeux. Comme vous l’avez compris, ils ont un supérieur, ce serait trop simple d’affirmer qu’il n’est que le chef des services secrets français pendant la Guerre froide. Manifestement, il est avant tout autre chose.
- Oui, vous êtes encore en
rodage même s’il y a de l’amélioration…
- Merci, siffla Daniel Lin quelque
peu piqué au vif.
- Donc, Gaston et moi nous nous
retrouverons face au pire des ennemis…
- Celui qui nous fit la
démonstration de sa puissance maléfique lors de notre transfert sous les
Guerres de religion.
Frédéric qui avait entendu une
partie des échanges, se mêla à la conversation.
- Alice Liddell et Charles
Dodgson croyaient que les responsables de leurs tourments derrière le miroir
étaient A El et sir Charles Merritt. Or, l’énergie noire qui se manifesta en la
nef de La Salute avant que je
parvienne à intégrer le miroir central, n’était ni l’un ni l’autre. Cette
Entité nous a donné à tous son nom : don Sepulveda de Guadalajara. Daniel
Lin, j’affirme donc haut et fort que nos périples respectifs ont été parasités,
je dirais même phagocytés par quelque chose d’aussi puissant que Fu le Suprême.
Vaincre Aurore-Marie et dompter A El n’était qu’une formalité.
- Préservateur, reprit
Spénéloss, votre Pouvoir d’anticipation des mondes alternatifs vous a renseigné
de la suite des événements. Votre mensonge l’est par omission et il s’avère
double. Alors, je vous demande solennellement de nous raconter pour le bien de
tous comment s’est déroulé votre combat contre la poétesse.
Daniel sourit doucement et
répondit avec une certaine affectation :
- Puisque vous avez su mettre en
avant que les besoins de tous l’emportaient sur ceux d’un seul, voici donc ce
qu’il en fut…
Le récit du commandant Wu ne
dura que dix minutes. Pourtant, rien ne fut omis. Alors que l’Hellados
demeurait impavide, Frédéric cilla et hasarda une interprétation à l’issue de
cette narration :
- En apparence, deux palais
mentaux s’affrontaient, s’intriquaient, l’un finissant par se soumettre à
l’autre. Je dirais, moi, qu’il y en avait trois : le vôtre, celui
d’Aurore-Marie mais également celui d’A El…
- Vous vous trompez, Frédéric,
jeta l’extraterrestre. Il n’y avait en réalité qu’un seul palais mental
démultiplié et imbriqué en trois hypostases. De fait, à partir de la
dissolution de l’Afrique parallèle, Daniel nous a menés en bateau. Il nous a
transportés dans une Venise leurre car tout avait déjà été remis en place.
- Vous êtes bien sévère avec
moi, lieutenant…
- Osez dire que ce n’est pas le
cas…
- Hum…
- Je sais parfaitement ce que
vous êtes. Vous vous êtes amusé dans toute cette aventure, une distraction
espiègle, sans conséquence pour vous, adolescent prodige…
- Ouille ! Pis qu’un
soufflet… vous me transpercez le cœur…
- Daniel Lin, vous êtes le plus
grand prestidigitateur que la Terre ait porté ! s’exclama Frédéric.
- Sir, vous avez dissocié un
univers bulle leurre vénitien de la trame générale africaine effacée afin de
nous faire accroire qu’il vous était encore nécessaire de régler son compte à
un personnage qui n’était que pure fiction. Une fiction non souhaitée je vous
l’accorde… vous connaissez les facultés du cerveau Hellados. Nous sommes en
empathie et en communication à la fois sur le plan intime et sur le plan en
réseaux. Mes compatriotes de l’Agartha m’ont communiqué des informations
capitales : primo, nous sommes revenus en la Cité et tout ce décor n’est
qu’une sorte de méga simulation… comme si vous vous entraîniez pour la suite…
secundo, l’existence de Lise de Saint-Aubain est impossible. Pourtant, elle est
désormais parmi nous. Dans la piste temporelle que vous prévoyiez initialement,
Albin de Saint-Aubain, qui a toujours réellement existé et est mort en 1918, se
remariait après son veuvage pour une seconde union restée sans postérité. Or,
dans le nouveau Temps résultant de vos manipulations et raccords, Albin de
Saint-Aubain a épousé en lieu et place d’une Aurore-Marie non-existante, une
autre personne dont il a eu des enfants sans lien aucun avec Lise. En
l’occurrence, la fillette est dépourvue de tout brin d’ADN commun avec les
Saint-Aubain et le domaine de Lacroix-Laval est tombé en déshérence depuis la
disparition d’Albéric, qui n’a jamais engendré Aurore-Marie, à une date
différente de 1877. Cependant, sir Charles Merritt est bien concret, bien en
chair et en os. Il a volé à une date que nous ignorons désormais – nous du
moins – les codex tétra-épiphanes, toujours en possession de ce décadent de
Lord Percy, maintenant affilié à Cecil Rhodes.
- Bravo, monsieur l’Hellados
pour votre raisonnement apparemment sans faille, ironisa l’Expérimentateur.
Vous ne vous trompez guère mais vous ne disposez toutefois pas de toutes les
données. Oui, cette Venise-ci n’est présentement qu’un décor. Mais cela n’a pas
toujours été le cas… Dieu nous préserve
des représentants d’Hellas ! ils ont bien vite tendance à déboulonner
toutes les statues des déités qu’ils se sont créées.
- Monsieur, fit Spénéloss
contrit, je sens que je vous ai fâché.
Son teint bistre prit une
méchante couleur ocrée. Mais Violetta se rappela à tous, et sa voix pointue
rompit le charme. Peut-être mit elle aussi fin à l’algarade avortée qui allait
s’en suivre.
- Papounet, je soutiens que les
extraterrestres du vieux feuilleton X
Files ne sont pas humanoïdes. Pour moi, ils ressemblent à des fœtus
d’anthropoïdes néoténiques.
- Que vient faire cette
réflexion ? Elle tombe comme un cheveu dans la soupe, gronda Benjamin.
- Ben quoi ! C’est pour
détendre l’atmosphère, se défendit l’adolescente. Ne me dites pas que vous
n’avez pas senti que cela tournait à l’orage entre Spénéloss et oncle Daniel.
Deanna Shirley qui avait tout
écouté sans trop comprendre grand-chose s’interposa.
- Messieurs, je ne sais comment
exprimer mon chagrin sincère pour la défunte, la disparue. Je m’étais prise
d’amitié pour elle. Syndrome de Stockholm me direz-vous. Mais je me dois
d’assister à ses obsèques, dussé-je m’effacer dans cette impasse temporelle.
- Miss de B de B… je comprends
ce que vous ressentez, fit Daniel Lin. Je ne m’oppose pas à ce que vous
effectuiez ce périlleux voyage… mais honnêtement, vous me demandez beaucoup, un
effort énergétique dû à la rémanence de ce qui n’est plus… en êtes-vous
consciente, jeune dame ?
- Oui, Superviseur… mais vous
nous avez tous habitués à de tels miracles…
A l’instant, les décorations,
plafonds et stucs de la suite s’estompèrent comme dans ce vieux roman sans âge
de Zelazny, le cycle d’Ambre… la déconstruction se poursuivit, mobilier, murs,
puis, par élargissement, tout l’hôtel San
Cassiano ainsi que son environnement urbain. Lui fit alors place une sorte
de stère quadrillée tandis qu’une voix bougonnant jetait :
- Bon retour chez nous,
aventuriers.
Ce ton caractéristique permit
d’identifier le bon Vieux Loup de l’Espace profondément heureux de revoir sains
et saufs tous les membres de l’expédition africaine et autre.
A suivre...
*****