samedi 24 septembre 2011

Le Trottin, par Aurore-Marie de Saint-Aubain : chapitre 10 2e partie.

Avertissement préliminaire : ce roman d'époque est réservé à un public averti de plus de seize ans.

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A l’orée de l’agonie du jour, toutes deux s’éloignèrent donc des rumeurs de la ville. Alors, le soleil s’en vint en son couchant. Le soir tombait. Les nuées rougeoyantes du crépuscule nimbaient la voûte céleste de leurs traînes floconneuses, de nuages annonciateurs d’un changement de temps. Ils s’étiraient, majestueux et effilochés à la fois, de la pourpre d’orgueil aux nuances violines, telles des taches de vin, de vieux angiomes ineffaçables. Le bouillonnement ascensionnel et laineux des cumulus enclumes, d’une blancheur d’éclat immaculé, dans le rose sombre de la clarté agonisante, confirmait les soupçons de Cléore : l’orage couvait. Trop longtemps, la chaleur avait macéré, stagné, plombé l’atmosphère pour que les conditions météorologiques ne connussent pas une transformation radicale et subite.
« Hâtons nous de nous reposer, dit Cléore à Délie, d’un ton presque professoral, nous risquons peut-être une ondée de chaleur. » Elle semblait épeurée, presque farouche, à l’idée que ses beaux vêtements de fillette pussent être trempés par l’orage.
Toutes deux cheminaient, bras dessus bras dessous, jusqu’aux berges de la Marne. Les clameurs de la fête s’estompaient comme une mauvaise peinture, une aquarelle passée et délavée. Les palmipèdes sommeillaient dans l’ajonc, épuisés, tête et cou rentrés dans leur jabot, qui, sous l’extinction spectrale de la lumière, se colorait de mille nuances de gris. Les grillons crissaient. Des faucheux, phasmes, cousins, libellules et d’autres animalcules vaquaient encore à leurs occupations mécaniques en bruissant. L’endroit était agréable, car ombragé en plein jour, planté qu’il était de peupliers, de charmes, de saules, de trembles et de massifs de passeroses. On apercevait même un incongru micocoulier, égaré en cette contrée septentrionale.
Elles s’assirent lors dans l’herbe, sans même qu’un mouchoir fût déplié pour protéger leurs robes. Délia, empourprée, ôta son chapeau de paille galonné et enrubanné. Elle s’éventa avec, s’ébroua, ébouriffa ses boucles auburn. Cléore, à ses côtés, jamais en reste pour manifester son affection, caressa ces tortillons imprégnés de sueur, comme mouillés par la condensation d’une vapeur subtile. La fragrance de violette de cette chevelure roux-brun se mêlait à l’odeur des plantes desséchées de la berge, brûlées par l’ardeur de Phébus.
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« Tu es ma petite reine, mon Adelia… » murmura la comtesse de Cresseville à la conque ourlée et rose de l’oreille gauche de l’aimée.
En réplique, Délia se mit à mâchonner la tige d’une passiflore qu’elle venait de couper. La jeune Irlandaise soupira d’aise. Elle voulait s’endormir ; les fatigues de ce jour de fête ardent lui pesaient, mais Cléore n’en avait cure. L’instant était trop rare, trop délicieux, trop tentant pour leurs sens pour qu’elles n’y goûtassent point.
« Pourrions-nous aller plus loin que l’autre fois ? lui demanda Délia.
- Que dans la chambre ou qu’à l’opéra ?
- A l’opéra, ma chère ! minauda-t-elle.
- Pourtant, tu t’en es indignée, ma petite princesse d’Erin… Vois ce que tu m’as fait en quelques jours… Ne nie point l’inconvenance de ta petite opération…tu es désormais intouchable là où nous le pensons toutes deux.
- Je suis excusable, se récria Délie. C’était la toute première fois ! Et il existe d’autres moyens d’éprouver le plaisir ! Nous le prouvons chaque fois dans notre mutuelle intimité, cingla-t-elle, son petit nez en l’air.
- Ce ne sont là que de petits jeux. J’ai toujours respecté ton intégrité de pucelle.
- Peut-être » fit-elle, piquée.
Alors, elles s’élancèrent l’une contre l’autre comme des lutteurs antiques, s’empoignèrent et se firent tomber. Elles se roulaient dans l’herbe folle avec des grognements de femmes-singes. Elles riaient aussi, de leur enfantin cristal vocal, de leurs douze et treize ans, âges feint et réel… Elles manquaient choir dans l’eau, tête la première, parmi les nymphéas et la mousse, mais s’en moquaient. Elles dérangeaient le repos des canards qui s’indignaient, glapissaient, en poussant des coin-coin de colère et de réprobation. Ce nouveau « petit jeu », bien moins poussé qu’à l’habitude, se poursuivit encore cinq bonnes minutes jusqu’à ce que leurs robes fussent froissées, poussiéreuses, crottées, couvertes de brins, de fragments végétaux jaunes et secs, de bris d’ajonc ou de traînées de terre. Elles éclatèrent alors d’un rire commun de réjouissance, suivi d’une embrassade mutuelle.
Cléore obligea Délie à se rasseoir, s’installa derrière elle, et, de ses mains fines, s’amusa à l’épouiller, à la débarrasser de tous ces brins d’herbes qui gâtaient sa vêture d’été, parsemaient sa robe et sa figure douce. Ces végétaux s’étaient insinués jusque dans sa chemise qui la grattait. La comtesse lui demanda :
« Sais-tu pourquoi j’ai baptisé mon institution Moesta et Errabunda ?
- Non. Je ne sais pas. Ce nom sonne exotique, espagnol, oriental, que sais-je ?
- C’est le titre d’un poëme de Baudelaire, mon petit ange. C’est mon préféré, extrait des Fleurs du Mal…car tu es une fleur du Mal qui s’ignore, ma mie…
- Moi, le mal ? Allons donc ! Je suis l’innocence incarnée ! J’en riote, Cléore !
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- Billevesées, ma Délie adorée. Tu es cette fleur vénéneuse, blanche et pure comme le lys, qui dissimule en ses étamines de foudroyants poisons de volupté… Tu es la fontaine de lait et de miel où s’abreuvent les virginaux troupeaux des jolies pastourelles qu’elle tue dans d’atroces souffrances… Tu es le grain de sénevé, l’ivraie que l’on rejette avec horreur, l’ergot noir du blé terreur des humbles vêtus de leur sayon, le monstre saxatile tapi parmi les roches… Tu es la manifestation même des amours enfantines, enfuies à jamais pour celles qui ont acquis leur personnalité adulte, mais pour moi, ces amours ne sont point mortes. Elles reviendront, éternelles, encor et toujours… Elles sont comme le Phoenix, renaissent de leurs cendres. Elles sont l’Eternel Retour de toute chose, le temps cyclique, l’ouroboros, la Nature, la Terre Mère, Gè, Gaïa, sans cesse revivifiée, re-fécondée, l’anacouklesis des Anciens…
- Que dis-tu, ma Cléore ? Je ne saisis point toutes tes paroles énigmatiques. It’s a puzzle. minauda-t-elle en anglais.
- Ecoute, écoute donc la voix divine du poëte.
Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l’immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe ?

La mer, la vaste mer, console nos labeurs !
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu’accompagne l’immense orgue des vents grondeurs,
De cette fonction sublime de berceuse ?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs !

Emporte-moi, wagon ! enlève-moi, frégate !
Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs !
Est-il vrai que parfois le triste cœur d’Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ?

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n’est qu’amour et joie,
Où tout ce que l’on aime est digne d’être aimé,
Où dans la volupté pure le cœur se noie !
Comme vous êtes loin, paradis parfumé !

Mais le vert paradis des amours enfantines,
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,
Mais le vert paradis des amours enfantines,

L’innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que l’Inde et que la Chine ?
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l’animer encor d’une voix argentine,
L’innocent paradis plein de plaisirs furtifs ?
- Comme cela est joli et merveilleux, susurra la petite bouche vermeille de la fillette. Je n’avais jamais rien entendu d’aussi beau. Baudelaire est un prince des poëtes…
- Etait, hélas. Il est mort depuis tantôt vingt-deux ans.
- Embrassons-nous, Cléore, et goûtons encor à ces plaisirs furtifs ! »
Elles approchèrent leurs lèvres et s’étreignirent ; leurs bécots doux, ténus, ajoutèrent un nouveau bruissement enchanteur à ce soir à nul autre pareil. Mais le tonnerre gronda. Cléore le perçut.
« Décidément, Délie, il nous faut nous presser. Foin du délassement champêtre.
- Mais nous avons tout notre temps, ma chère mie… L’ondée est encor loin. »
Délie imposa à Cléore d’autres baisers longs, doux, aux lèvres, au cou, aux oreilles et à la nuque…Elle souhaitait que toutes deux se déshabillassent, poursuivissent plus avant, comme à la maison. Cléore résistait à l’ardeur du désir, car il était tard et elle ne pouvait manquer les feux de la Saint-Jean.
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Une ombre brusquement apparue les interrompit toutes deux dans la manifestation de leurs amours.
« Alors, mes deux petiotes ? On joue aux p’tites cochonnes en douce, mes chattes ? »
C’était le garde champêtre. Cet honnête fonctionnaire rural aux idées arrêtées effectuait sa ronde aux frontières de la ville. Il avait été choqué, indigné, surpris aussi, de prendre en flagrant délit deux fillettes en train de s’embrasser et de caresser leurs joues roses sous la lueur blafarde de l’orbe de Séléné qui se levait tandis que l’approche de l’orage se faisait sentir par le rafraîchissement de l’air et la multiplication des grondements. Surtout, Délie, plus active et entreprenante que son aînée, avait commencé à soulever les jupes et jupons de Cléore et à parcourir de sa paume l’étoffe ouatée de ses bloomers exposés à l’air libre sans que la comtesse de Cresseville s’en fût rendue compte, car absorbée par ses rêveries poëtiques.
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« Alors, mes p’tites gouines, reprit le fonctionnaire, vous batifolez, marivaudez, et commettez des attentats à la pudeur ? Vous jouez aux p’tites salopes ensemble ? Allez, mes mignonnes, vos passeports et plus vite qu’ça ! »
Les réticules des deux « enfants » étaient posés négligemment sur l’herbe folle. Sans trop se faire prier, Cléore tira ses faux papiers du sien.
« Anne Médéric, douze ans, pupille de l’Assistance publique. Bigre ! L’est précoce la bougresse ! C’est au pensionnat, qu’on t’a appris à faire des cochonneries avec tes copines ?
- Je…monsieur… Vous vous méprenez… Nous nous embrassions juste comme ça, par euh amitié…par tendresse, balbutia Cléore, écarlate.
- Vous f’siez mumuse, quoi !
- Mais monsieur, se mêla Délie. Je…
- Toi aussi tes papiers, ma petiote, et grouille-toi ! »
Délie dut obtempérer en grommelant devant le représentant de la loi. Si l’homme avait connu l’anglais, il eût compris qu’Adelia venait de lui dire f…dans la langue de Shakespeare.
« J’pourrais vous verbaliser pour attentat à la pudeur, pa’ce que vous montrez vos dessous, mais aussi pour outrage aux bonnes mœurs, du fait que vous vous bécotez, que vous fricotez entre filles ! L’autre, la brunette…
- Je suis auburn, monsieur, se fâcha Délie.
- Et effrontée, en plus ! Vous donc, la brunette, insista le buté garde, z’êtes pas française ! Z’êtes une ressortissante du Royaume Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, comme ils disent les roast-beefs. Et treize ans seulement, avec ça ! Eu égard à votre jeune âge cependant…
- Je vous en supplie, m’sieur, ne nous punissez point.
- Z’aviez votre lingerie apparente, là, cracha l’homme obtus à Cléore. On commence par soulever les jupes et on finit à poils !
- C’est par inadvertance ! (elle jeta un œil noir à sa mie) Je vous le jure !
- Puisque c’est comme ça, j’vais prévenir vos parents ou vos tuteurs ! Z’habitez Château ?
- Je suis orpheline, pupille, vous l’avez bien lu, et ma camarade itou.
- L’est pas française, et j’aime pas les étrangères ! Bon, récapitulons… pas de parents…mineures…non chaperonnées…se livrant toutes deux à des actes dégradants pour la morale…actes répréhensibles tombant sous le coup de l’article… »
Brusquement, alors que ses yeux fixaient intensément le regard vairon de Mademoiselle de Cresseville, qui se faisait à dessein langoureux et suppliant, le fonctionnaire bourru, moustachu, buté et intraitable, changea d’avis. En lieu et place de dresser procès-verbal, il prononça ces paroles surprenantes, retourné comme un gant par l’entregent de notre comtesse rousse :
« …Hé bien, circulez ! Et que je vous y reprenne plus ! »
C’était comme si Cléore eût usé de l’hypnose. Le garde champêtre venait de renoncer à verbaliser ces innocentes pucelles même pas nubiles. Toutes deux s’empressèrent de prendre congé du drôle. Elles se levèrent, le saluèrent et, tournant le dos à cet imbécile, s’en revinrent à petites foulées jusqu’au centre de Château-Thierry assister aux feux de la Saint-Jean alors que la nuit, devenue complète, avait abattu ses ailes de ténèbres sur la bourgade.
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Il était temps que les deux péronnelles eussent rejoint la grand’place. Les monceaux de fagots brûlaient et crépitaient déjà, sous le fond sonore de chants barbares, païens, saturniens, venus du fond des âges, d’un substrat presque préhistorique, tandis que des hommes, sous le regard des filles captivées, en simple chemise blanche largement ouverte sur leur torse velu, avec une grande ceinture d’étoffe cramoisie autour de la taille, leur chef coiffé de bonnets garance, un peu vêtus comme des Basques, s’amusaient à gesticuler une danse du feu et à sauter par-dessus les brasiers en entonnant des prières écrites en l’honneur d’une divinité oubliée. D’autres, encore plus bravaches et matamores, se jetaient des défis et, sans autre forme de procès, se déchaussaient et s’amusaient à traverser, nu-pieds, des tapis de cendres incandescentes. Les vivats des créatures se partageaient entre les beaux garçons téméraires, chacune élisant son favori, son candidat à ce que s’ensuivrait. Ces femmes triviales et peintes multipliaient les gestes démonstratifs, adressant baisers et œillades à leurs champions respectifs. Tous s’attendaient à ce qu’elles couchassent avec eux, mais chacun s’arrogeait le droit du choix de la partenaire selon ses préférences et affinités physiques, grosse ou maigre, brune ou blonde. Les phalènes, attirées par la lueur rougeoyante des fagots et des lampions, s’approchaient des sources de lumière en voletant. Les insectes retombaient promptement en flammèches ou en minuscules torchères et finissaient de grésiller en atteignant le sol. Il était prévu qu’un feu d’artifice fût tiré du Castel Théodoric, là haut, sur la colline, pour clôturer cette fête en beauté.
Cléore demeurait fascinée par tout ce paganisme, par cette sorcellerie sabbatique ancestrale. Les cycles de la nature l’avaient toujours intéressée, alors qu’Adelia, fourbue, demeurait de marbre, bâillant plutôt que de regarder le spectacle de ces mâles batailleurs musclés qui l’indifféraient. Elle exécrait toutes ces manifestations voyantes et ostentatoires de la puissance masculine, alors que la tendresse du corps chaud de Cléore lové contre elle, en douce lingerie, avec ses formes impubères, incarnait selon elle le summum de la beauté et de la volupté. Tribade désormais elle serait ; son choix était arrêté, pour la vie, pour la mort. Elle offrirait son existence en échange du salut de Cléore, si un de ces rustauds viendrait à la menacer, à vouloir profiter de son corps merveilleux de sylphide.
Sans crier gare, les nuages voilèrent la lune. Tout s’obscurcit, malgré le rougeoiement des foyers qui se consumaient en dégageant une fumée âcre. Un éclair déchira la voûte noire, suivi d’un roulement de timbales. L’ondée s’abattit, violente, torrentielle, rupture des écluses du ciel trop longtemps différée. Tous et toutes se dispersèrent, sauf Cléore, qui, nu-tête, folle comme un Gribouille, reçut cette douche salvatrice qui la détrempa toute, langue tirée, buvant les gouttes, s’y désaltérant comme une assoiffée anachorète perdue en plein désert, tandis qu’une senteur de terre mouillée et d’herbe humide envahissait la place. Les foyers, ruinés, moururent sous les assauts de l’eau. Adelia tira l’indisciplinée par les bras, la forçant à s’abriter sous un porche, malgré ses protestations et ses dénégations infantiles. Elle découvrait cet aspect du caractère de son aimée, ce côté enfant sauvage d’une personnalité qui la déconcertait. Elles demeurèrent longuement sous ce porche, attendant que la colère des éléments s’apaisât. Longtemps, les éclairs zébrèrent l’orbe d’encre et de ténèbres et les hallebardes churent en clapotis assourdissants tandis que des ruisseaux fangeux s’écoulaient dans les rues et les venelles, comme s’ils eussent dégorgé de la boue primordiale. Cléore tremblait dans les bras de Délie. Elle avait des frissons ; la maladie la guettait.
Elles parvinrent fort tard à rentrer en l’Institution, ayant récupéré au sortir de la bourgade leur attelage dont les pauvres bêtes, mouillées et délaissées, apeurées par l’orage et par l’obscurité, bien que la carriole eût été équipée d’un fanal, demeurèrent longtemps rétives à ramener leurs passagères au bercail, au havre de repos. Le lendemain, Cléore manqua à ses obligations de trottin. Elle avait rejoint Quitterie, alitée à son tour, clouée par un mauvais refroidissement. C’était là sa première maladie de pauvre.
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