« L’homme qui n’aime plus les
chats. »
Isabelle AUPY - Éditions du Panseur
Quoi de mieux qu’un séjour sur
une île pour revenir à l’essentiel, pour sentir ce vent salé qui vous prend le
corps et le cœur, à la rencontre de personnages hauts en couleur.
C’est une petite île sur laquelle
on peut trouver refuge, attention, c’est confidentiel et il vaut mieux se faire
discret car tout se sait. Rien de ce qui se passe sur l’île n’échappe à
l’attention de chacun.
C’est une petite île où il y a des hommes, des femmes, des enfants et des chats, beaucoup de chats, des chats qui appartiennent à personne et à tout le monde, des chats à la fois proches et indépendants, familiers et sauvages, allant jusqu’à l’insoumission. De vrais chats en sorte !
Des chats dont la présence passe inaperçue tellement ils font partie du décor et de la vie des humains. Des chats aux noms savoureux : « le rouquin », celui dont le nom est « le bruit des volets qui claquent », « les piques- assiettes » : des clochards polis, distingués et errants, « Minou » le chat de la commère…
Tout le monde s’accommode de leur présence, sur cette île paisible, jusqu’au jour où inexplicablement, plus un seul chat ne déambule dans les rues, ni les jardins et ne se présentent plus devant les portes pour demander leur gamelle. Les chats ont disparu !
Les villageois se questionnent,
questionnent l’instituteur qui n’est pas un ilien, c’est « un étranger » à qui
la vieille institutrice en retraite tente d’apprendre les « codes » de l’ile
car il ne comprend pas vraiment le mode de vie des habitants. Quelques uns se
mettent « en planque » pour surveiller les lieux et comprendre pourquoi les
chats ont disparu.
Sous une apparence légère, ce texte s’apparente à un conte philosophique. Est-ce vraiment cela ?
Par la voix d’un vieil homme, ami
du gardien du phare qui ne sort jamais de « sa tour d’ivoire », on va entendre
le vivre ensemble, sur ce coin de territoire entouré d’eau, on va entendre la
surprise de la disparition des chats, les relations de voisinage.
On va être amené à comprendre
qu’un monde où le langage se manipule pour modifier le mode de pensée est un
monde dangereux, bien que l’on soit interrogé par la crédulité de certains.
Peut-on continuer de croire ce en
quoi on a toujours cru lorsque l’on instille le doute sur un socle de pensée
que l’on croyait gravée dans le marbre ?
C’est une histoire qui nous parle
de solidarité, d’amitié, de liberté, celle de gens qui vivent isolés sur ce
caillou au large du continent et qui n’imaginent pas que leur vie puisse être
ainsi bousculée.
Thomas, le gardien de phare dit
qu’il faut appeler un chat, un chat. Un mot à la place d’un autre et toutes les
idées sont perturbées.
Le récit à la suite de la
disparition des chats prend des airs de parabole et nous rappelle, « Matin Brun
» de Franck Pavloff.
« L’homme qui n’aimait plus les
chats » n’est-il pas un possible, un
autrement ?
Michèle Pouget
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