Par Annie Guillet.
Pour qui ne connaît pas encore Italo Calvino ou pour qui aime les nouvelles, cet art ramassé mais combien suggestif, et qui tout en goûtant le récit aime à trouver matière à réflexion, Marcovaldo nous offre vingt petites histoires de la vie urbaine contemporaine souvent comiques et mélancoliques tout à la fois.
Marcovaldo est un peu le Charlot italien et Italo Calvino le Charlie Chaplin
de la littérature italienne. Pauvre diable, son héros travaille comme manœuvre pour essayer de nourrir sa famille nombreuse. Âme simple il recherche la Nature sous l'asphalte et le ciment d'une grande ville industrielle. Il traque la moindre trace de brin d'herbe, de feuille, de plume et scrute les changements de saison. Hélas ses rêves de retour à la nature et ses tentatives pour améliorer sa vie quotidienne se terminent toujours par une catastrophe le plus souvent hautement comique. Mais Marcovaldo n'est pas pessimiste et il ne se décourage jamais malgré ses déceptions inévitables.
Tout l'art d'Italo Calvino est de nous le conter avec drôlerie et bienveillance, dans un style tantôt poétique pour évoquer la nature et tantôt d'un prosaïsme ironique pour peindre les efforts touchants mais absurdes de son héros qui cherche à remplir sa casserole.et à lutter contre les misères de son existence. Cette opposition stylistique fait le charme de ces récits dont l'intrigue souvent élémentaire révèle un regard critique sur la ville et le monde d'aujourd'hui mais en laissant au lecteur le soin d'en tirer les véritables significations.
Les nouvelles ont d'abord été publiées dans des quotidiens (l'Unita principalement) de 1952 à1963.
Post-scriptum de Christian Jannone : au lycée, j'étudiais l'italien en seconde langue. Nous avions une professeure remarquable, qui nous fit étudier des extraits de diverses oeuvres d'Italo Calvino : Marcovaldo justement, mais aussi Le Baron perché et Le Vicomte pourfendu. Que de merveilleux moments littéraires j'ai passés à cette époque !
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