samedi 30 août 2025

Etude en vert et jaune : intermède.

 

Intermède

Dans la nuit tiède et étoilée, les roses exhalaient leur parfum entêtant.

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 Les eaux de la fontaine glougloutaient et ce bruit doux parvenait aux oreilles de Radouane par une porte-fenêtre treillissée entrouverte. Le sultan reposait sur son lit aux draps de soie. Mais le sommeil le fuyait obstinément. 

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Remuant sur sa couche, le prince se demandait les raisons de cette insomnie. Rien ne le tracassait. Déjà vingt ans qu’il régnait sur Mossoul. Tous ses sujets lui étaient fidèles. 

 

 Dans le patio, des gardes effectuaient leur ronde, leur cimeterre passé à la ceinture. Leurs torses nus enduits d’huile luisaient sous la clarté lunaire et révélaient une musculature parfaite. 

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Le prince prenait grand soin de sélectionner sa garde rapprochée parmi l’élite guerrière.

Dans la nuit tranquille, on entendait parfois les trilles des rossignols

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 et le chant des grillons.

Description de cette image, également commentée ci-après 

Bientôt, ce serait l’heure de la prière lancée par le muezzin du haut du minaret ruiné. En effet, la mosquée de Mossoul portait encore les stigmates du sanglant affrontement entre les croyants du Prophète et les mécréants, affrontement remontant à plus de cent cinquante ans.

Pour l’heure, le sultan cherchait en vain le sommeil. Il avait allumé une lampe à la lueur de laquelle il écrivait quelques vers sur un parchemin. Un léger frémissement de l’air lui fit lever la tête. Une ombre se profilait à quelques pas du bow-window. Elle appartenait à un tout jeune homme.

- Ah? C’est vous? Fit Radouane à peine étonné. Je vous attendais. Pas forcément cette nuit. Je savais que vous deviez venir.

- Oui, c’est bien moi, répondit l’adolescent dans l’arabe le plus pur. 

 Statue en bronze d'un enfant royal (Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle), pouvant être Césarion.

- Tenez. Asseyez-vous sur ces coussins. Nous devons parler. Longuement.

- Merci.

- Désirez-vous boire quelque chose?

- Non. Cela ira. Vous me voyez, mais je ne suis pas réellement là. Disons qu’il s’agit d’une projection mentale.

- J’ignore ce que c’est. Mais vous êtes venu, cela seul compte.

- Vous m’avez appelé il y a déjà cinq jours. Pardon pour ce retard.

- Ce n’est pas grave. Mon esprit est empli de questions…

- Je vous comprends.

- Je ne vous imaginais pas ainsi. Si jeune… si… je n’ose…si humain…

- Je le sais. Il y a longtemps que j’ai opté pour cette apparence.

- Cependant… Vous ne pouvez être une simple image…

- Vous avez raison. Toutefois, je me manifeste ainsi auprès des petites vies. C’est plus confortable pour elle de me voir sous les traits d’un de leurs frères.

- J’ai tant à vous demander… en premier lieu, suis-je tenu à vous vouvoyer?

- Non, pas actuellement. Je lis dans votre cœur, seigneur Radouane. L’étonnement se mêle à l’incrédulité.

- Puisque j’ai ton accord, commençons le jeu des questions-réponses.

 

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A suivre...