mardi 7 juillet 2015

Aurore-Marie ou une Etoffe Nazca : scène coupée n° 2 : le délire surréaliste et baroque de Charlotte Dubourg.

Deuxième scène non retenue par l'éditeur de l'e-book Aurore-Marie ou une étoffe Nazca.

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Je ne sus plus à cet instant ce que je ressentis. Ce fut une fusion totale des corps et des esprits avec le Créateur. En une rêverie néoplatonicienne, j’entrevis la vérité intrinsèque de l’Univers… Les Anciens avaient raison, les Anciens avaient raison !
Plus moi-même n’étais-je ; symbole symbiotique rétrogradé prismatique hétérochronique universel pan-mondes… La nef de basalte de Notre-Dame,
 
 stabilisatio mundi terra-formatée crissant d’insectoïdes polyédriques osmoses. Bleu fraise monofermal arroi des sphères multi métalliques de Dyson troposphériques en ut majeur qui cascadaient d’un torrent hyalescent vermifuge de thériaque masqué de brume de fuchsine, sise en un coacervat cervical à la sphéricité concave, comme lorsque les fœtus d’airain titanesques de Proxima du Centaure érigèrent le phallus trigonométrique de la Sagesse du Kushan. Cette gigogne octaèdre contenait un débordement plat moiré de feldspath grenadin, d’où s’échappaient en des vols lourds de stryges de bismuth azimutal, au mitan de l’adret agrégatif, les surréelles complies monacales issues des bouches-capuces de dinosauriens âgés de trente quatrillions d’années mégalomanes,
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 en des gaz plombés d’une luminescence abyssale, où nageaient des morulas, blastocœles et blastopores de crabes iridescents en rubis safrané vert-cobalt. Des larves zooplanctoniques de cirons hydraires polydactyles flottaient à l’intérieur d’amnios dodécaédriques micacés d’une teinte de lapis-lazuli vert-citron. Ces œufs se déplaçaient au gré de l’harmattan et du simoun via des huit-ressorts fonctionnant à la vapeur de limonade éventée fabriquée en Nouvelle Galle du Sud, là où vivaient les hommes cynocéphales xénarthres aux pots de laque japonais en ébréchures épizootiques. Des mosaïques du Baloutchistan vomissaient des dorures nervurées de trumeaux labiés gréco-bouddhiques ciselés d’amazonomachies zapotèques fondues par un bronzier fulbé du Monomotapa. Il y eut aussi une noosphère de gastrulations de trophoblastes de théorèmes de Gauss et de Fermat, conjectures pithiatiques dont l’épicarpe inférovarié s’ornait de lamelles de micocoulier dicotylédone. Et je vis une suite de Fibonacci de moutons sécants-sécables à la laine bleu outremer des Célèbes et des Moluques se démultipliant en parturitions de zoés, d’infusoires et de monères paramétrés, tout en vibrionnant sur un air de viola pomposa. Les bêlements de ces ovins-Protoceratops, en infrasons, se décuplèrent et se répercutèrent de bas en haut, provoquant ainsi le craquèlement et l’écartèlement euclidien d’œufs de Diatryma de porphyre gemmé, d’où s’extrayaient des nains de jardin en olivine aux brouettes spartiates emplies de fleurs d’albâtre d’Albacete, fleurs parfumées au chypre roux et à l’or natif du Pinde. 
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Au nadir, Jean de Patmos
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 aperçut en moi-même, des voussées tortues colosses Archelon pentacosiomedimne à l’orfroi écailleux, l’échappée belle du réseau ombellifère des siècles à venir, en un nouveau char d’Ezéchiel d’amande amère constellé de becs d’Horus trismégiste de palladium. Et les cris inverses psalmodiaient une hymne monophysite, un péan entonné en l’Honneur d’une lumière violette et noire, subsumée d’intrications de chats quantiques multicolores et versicolores de chancissures septentrionales, tellement constellées de pourriture qu’elles n’eussent pu être chantées par le barde Kraken. Ces anti-bouches d’or déphasées criaillaient : « Commandeur Suprême ! Discordance des Harmoniques lumineuses ! Lumière de néant inverti ! Sois des nôtres pour les siècles des siècles ».
Loin, loin de Cathay, de Cipango, aux antipodes du cosmos, un homme démultiplié en fragments de formica se mouvait pesamment entre l’Amas de la Vierge et Cassiopée. Il excrétait des pouponnières d’antimondes de son fondement putrescent, à la fragrance périssodactyle d’un Pellucidar afro-mésopotamien. Et ces sanies se solidifiaient en cristaux dont la température de moins trente degrés Kelvin permettait toutes les audaces anticonceptionnelles, négatrices de la Vie. Et les Tupinamba cannibales nécrophages, dévorateurs de chairs de neurulas inachevées confites dans le népenthès gibbeux, attaquaient de leurs arcs de palissandre et de brésil l’idole  néphrétique et méphitique d’une statue fasciée en forme de sexe féminin titanesque, d’une hauteur d’Aconcagua de talc luminifère, idole indigène éthérée de papier tue-mouche aux facettes d’améthyste vermillonnées par des fressures éclatées cryptozoologiques de Gigantopithèques Blacki
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 birmans, de Paranthropes et d’Atlanthropes-valises en cuir bouilli. Kakundakari-Kakou, Grand-prêtre d’Ogo le Renard blanc prit la parole : il s’exprimait dans l’idiome primitif  de Pi’Ou, le Singe sacré K’Tou qui, le premier, se dressa sur ses jambes. Ses mots n’étaient que clics de Vénus Hottentote, trémulations de Megarachne servinei, claquements de mâchoires de Troodons diamantifères au pectoral de chrysoprase emprisonné dans l’ambre gris de l’hyméno-paléoptère volant intraterrestre découvert par Richard Owen en 1840 avant le règne de Gudea de Lagash. J’embrassais tous les mondes ; je copulais avec tous, déchirée par des millions de membres sadiens colossaux qui distendaient et dilataient mon sphincter jusqu’à ce qu’il éclatât en pétales rapiécés et fourchus. J’hurlais ma jouissance, sans que je comprisse aucunement le sens des mots que je prononçais : « Quark ! Quark ! Cœur de la matière, Chœur Multiple de la Pan-vie ! » De moi émergeaient des créatures à plusieurs têtes embryonnaires atteintes de toutes les trisomies possibles. Elles s’expulsaient à la chaîne de mon orifice intime multi fécond en sanies sanguinolentes coiffées non épongeables, soudées quatre à quatre par leurs têtes inachevées, par leur ébauche de bouche griffue, recouvertes d’un lanugo moisi verdâtre et opiacé où poussait un mycélium fragrant de spermaceti purulents. De leur occiput kystique, membraneux et squirreux, herniaire à tout le moins, enflaient jusqu’à l’intumescence et éclataient, en s’épanchant comme du chyme, des bulles kaléidoscopiques insanes d’organogenèse inaboutie, dont les fluides rompus, gâtés, blets, s’en venaient jasper des robes auliques de mousseline qu’en un bal paré autrichien rococo, arboraient des marquises marie-antonines d’Elisabeth Vigée-Le Brun,
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 de Pajou et Clodion, figées et roidies de dentelures, confites et empoissées dans des dentelles de Bruges et de Malines tissées de toiles d’arantelles purpurines. Ces danseuses organsinées de vertugadins à paniers d’osier, juchées sur des escarpins à ressorts, aux vertigineuses perruques poudrées de riz paddy, enfarinées de manioc, surmontées d’échafaudages intrigants de vaisseaux-maquettes marquetés à trois ponts et quatre-vingt-cinq canons éjectant des boulets ramés ardents miniatures, exécutaient des entrechats périlleux, partageaient leurs contredanses de sarabande et de forlane, de menuet et de gigue padane avec des vidames vampiriques de Polidori aux soubrevestes toilées de peaux mortes. Et ces goules mâles ventrues à spina bifida, aux chignons crâniens néandertaliens éclatés par des forceps de latex, faisaient ventouse sur moi, pompant mon fluide écarlate, me métamorphosant en momie d’Hatshepsout copte réticulée de bandelettes de Thaïs, traînées de Schmürtz jazzy des caves de Saint-Germain des Près, d’où le son douloureux des saxhorn se syncopait en sixtes napolitaines galvaniques empoussiérées et passepoilées de fausses notes pentatoniques doriennes et sino-birmanes. Un Claude D., un Marcel P., inconnus de moi-même,
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 jouaient de la contrebasse avec un archet aux crins en plâtre de Paris. Ils produisaient des arabesques mozarabes outrepassées par un Salvador D.,  pseudo-christique, non-né, mort-vécu, de Polycarpe de Samos et d’Apollonios de Tyane, pleurant de ses orbites caves moustachues d’impériales teintes au henné anthracite, des larmes de gneiss des terrains du Lias. Et mon sang menstruel jaillissait en geysers, en solfatares soufrées de mon vagin tumescent d’accouplements taurins, sang de miasmes des syrtes et des sphaignes qu’un Pablo Ruiz P., venu encore du futur, récoltait pour en emplir des bombes aviaires arrosant une bourgade basque de guano de condors casqués d’acier mat. Un révérend britannique me photographiait enfant, dans le plus simple appareil, alors que j’étais attouchée par un incube ithyphallique parfumé de vétiver et drogué à la poudre de cantharide après qu’il eut vaincu la flotte des galions et des galéasses du Rio de la Plata outre-espace.
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 Des mines argentifères du Potosi, brusquement apparues tout comme le temple Octavien tétracorde pseudo périptère sine postico de Mars Ultor, hors de ses repères chronologiques et géographiques accoutumés, s’extravasaient des légions de morions hispaniques squelettes, qu’un ru bleuâtre s’empressait d’engloutir tout en dégorgeant des vomissures de poux papous célibataires. Et j’étais la prophétesse de ces a-univers universaux. L’asphodèle cristallin des zeugites de Zeugma se construisait et s’effritait en poudre de pendus terminaux transsudant de jus de putréfaction viscérale. Tout cela s’exprimait par le bois de cervidé, par la corne de brume viking du Parasorolophus.
Afin d’éviter un sort funeste, j’écartai le fielleux objet septentrional.
« Communauté des croyants ! Communauté des croyants ! Vous êtes tous leurrés ! » m’exclamai-je, haranguant les bures pansues d’engobe, sigillées et rubanées d’un glyphe pourpre de Zeus, tout en déféquant une liquéfaction d’eau de rose passerinette qui s’épreignait et s’épandait, fluviatile semence liquoreuse, sur la terre amarante. Du cinabre des fosses des champs catalauniques Huns buvant le suc des cadavres barbares, émergea, comme d’une fange, s’extirpant au son testamentaire des trompettes des morts en ut double dièse mineur diachronique, la dépouille avancée et décharnée d’Aurore-Marie en personne.
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 Elle s’avança vers moi, arrachant des cartonnages démotiques momiformes stuqués de sa peau bistre ratatinée ensorcelante des Martres auvergnates, encore emmaillotée de lin et de jute sassanide. Aux côtés de ce spectre, en une cage d’orichalque, brillait un œil prophylactique de poulpe luminescent parasité d’anatifes, casqué d’un heaume de Pavie au cimier érectile de bambou mordoré constellé de gemmes tusculanes d’apocolocyntose. Cet œil riait en me dardant de tridents et de trépieds housards chthoniens qu’Athéna Parthénos, afin qu’elle possédât l’Attique, capturait avec son égide à l’efflorescence écœurante de peaux de requins et d’anacondas mués d’une Amazonie lithosphérique saharienne. Fourrure de Mammouth laineux toungouze dansant au son d’un tambour de basque orné de sonnailles et de têtes de mort édentées de déesse du Thibet animiste…
Ce fut alors, au lointain horizon infrangible, qu’Exékias tua Patrocle d’un coup de dé pipé, à l’aide d’un glaive celtibère cantabrique aux chamarrures damasquinées et maniéristes à la manière du Sodoma. Tandis qu’à distance, la sphinge polymaste chryséléphantine œdipienne, armée d’une griffe-poignard rétractile de paresseux édenté mutant, tout en barbelures de harpon-pingouin, coupait trois de ses seins puis les dégustait goulûment, la charogne d’Aurore-Marie, s’allant à moi, m’imposa une étreinte morbide, me souillant de sa terre sépulcrale violine. Accolée à moi, elle me soumit à ses desiderata, sans que je pusse les refuser, envahissant ma robe, mon corps, de son coagulum tombal obscène. En un embrassement d’archi-démon, elle s’obstina à me faire danser une valse lente, démesurément lente, en sa putride compagnie poëtique. Ce fut alors un Maldoror de chant saphique qui m’habita toute. Accouplement de la pourriture et du vivace, ola podrida et acqua-toffana Médicis et Borgia mêlée d’une chaste Suzanne mutée en Lucretia blondine, à la toison d’ossements, pubescence du sexe persistant malgré l’œuvre de la putréfaction, distordue par le Temps, par la fantasmasie. Fusion des êtres, des chairs, des liqueurs intimes de l’extase, vif-pourri. Macabre Marcabru de légende transie transitionnelle entre l’état suspendu et la survie d’au-delà de la chair. Luminescence pierreuse, niobium et molybdène, plaie cruentée et escarre vivace. Alors que ce spectre me forçait, je ne pouvais m’empêcher d’émettre des gémissements extatiques.   
Spectrum ! Speculum ! Misere nobis ! Puella impudica ! Le rictus d’Aurore-Marie, encore vêtue de sa chevelure ternie, rongée de vers, s’apposa sur mes lèvres, alors qu’elle m’étreignait à m’en briser l’échine, bouche édentée de pus, exhalant l’empyreume et l’empyème ! Expression florale et tumorale de la Rose morte, de la Myrto défunte, de la décomposition splendide et spleenétique, humeurs viscérales liquéfiées, dissoutes, s’écoulant dans mon gosier. Accouplement indicible, au sommet de la Grande Peur, du Fléau, contre nature, forcé, tout en mictions et émulsions physico-chimiques d’un sang noir s’égouttant des veines dilatées de celle qui n’est plus depuis déjà longtemps. Hyménée du Soupir dernier, exsufflation de Haine amoureuse de Soi-Altérité ! Pulsion morbide, rêve de buis du prêtre de l’Ancienne Croyance. Soudure implacable des organismes, des consciences, des absences, des âmes à la parfin ! des psychés vertueuse et pécheresse aussi ! Libation des sucs de la putridité terminale, en oblation divine, propitiatoire, hybridation complète de deux antagonismes fondamentaux lors appariés, d’apories… En l’hypallage fluidifiée, surgie du tombeau vain, en l’échange miroitée des corps et des sangs vivant-blet, des sécrétions de jouissance saphique, le dieu–colosse hiératique premier d’argile observa ce monstre nouveau prometteur, fusionnel et confusionnel, puis s’exclama :
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« Huitième merveille du monde ! Homunculus, tu es né ! »
Engendré par parthénogenèse, par l’Amour fille-femme, il fut !
Dieu, ô Dieu décomposé, proclamé mort, mort-né, non créatif, reçois lors ma prière et mon imploration,  accueille en Ta miséricorde la misérable créature, la lorette vierge qui jamais ne voulut exister. Dieu de Scot Erigène, prends pitié et accueille en Ton giron bienveillant, Très bon, Très grand, l’âme de la primerose des charmilles ! Dieu change-sexe, Bona Dea, Tu reviendras du Saint-Sépulcre, Marie de Magdala, fiancée de Jésus, crucifiée à sa place sous l’imperium de Tibère Caprineus, sous le chevalier Ponce Pilate ; Tu reviendras, te dis-je ! des Champs Phlégréens consoler, bénir et pardonner à la Vierge à l’hymen déchiré, à Celle qui Te trompa, Te parjura, T’apostasia, Te renia, deux, trois, mille fois après le chant du coq, Te renia, je le redis, en embrassant la Foi, trompeuse et hérésiarque de Pan Logos, le faux, le fourbe, le Conçu par un esprit malade. Amen.
Ce n’était plus moi qui parlais, moi qui m’exprimais ; c’était Aurore-Marie, surgie d’entre les Morts. J’étais Elle ; Elle était Moi. Démente, démente inversion du miroir des Hommes qui impose sa fata morgana !
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Je devais à tout prix quitter ce monde peccant. Il fallut que je sortisse de ce délire indésirable, exprimé en un état transitionnel, intermédiaire, entre le rêve et la veille. Que je m’en extirpasse sous peine de perdre à jamais la raison. Culte, fécondation des hypostases en la matrice de la fillette, prenez donc fin ! Achevez votre travail, sortez donc de ce corps de vierge de quatorze printemps !       
Alors, comme obéissant à ma volonté mutique, tout se précipita, s’accéléra. J’émergeai enfin du songe hébété de la morbidité, ayant craint un instant que la Mort, personnifiée par celle que j’eusse voulu aider, secourir, ne m’eût emportée. Je recouvrai un semblant de raisonnement, aussitôt replongée dans cette cérémonie impossible, dans cette prétendue réalité concrète, comme si je n’avais fait que franchir une couche surréelle supplémentaire mais non point accessoire, superposée à celle dans laquelle Nélie et moi agissions, nous mouvions, parlions, pensions, depuis le commencement de cette nuit d’exception. Je venais d’éprouver des phénomènes de perception proches de ceux vécus par les sorciers sibériens ou indiens équatoriaux, sans que j’en pusse appréhender la cause, une fois de plus.   
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