mardi 23 septembre 2014

Cybercolonial 1ere partie : Belles Lettres d'une Rose méconnue chapitre 2 4e partie.



Le petit monde du renseignement était en émoi. L’agitation gagnait tous les services secrets officiels ou non. Tout bruissait de rumeurs. Quelque chose se tramait et trouverait peut-être son dénouement au château de Bonnelles. Ainsi, le Ministère de l’Intérieur avait diligenté ses propres espions dans l’entourage de la domesticité de la duchesse d’Uzès. Le Ministère de la  Guerre n’était pas en reste. Le Deuxième bureau avait ses propres informateurs insoupçonnables. Des femmes de ménages étaient payées pour ramasser  le contenu des poubelles de l’ambassade d’Allemagne mais aussi celui de l’amie de la baronne de Lacroix-Laval. Même le Foreign Office,  sous les ordres du Premier Ministre en personne, Salisbury, avait envoyé ses hommes en France surveiller à la fois le général Boulanger et son entourage et le Ministère de l’Intérieur. Cependant, à Londres un certain sir Charles Merritt savait à quoi s’en tenir ou presque sur madame la poétesse Aurore-Marie de Saint-Aubain. Il la surveillait de près depuis plus de dix ans déjà. 
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Mais occupons-nous des espions mandatés par la Wilhelmstrasse.
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 Ils étaient deux, non pas deux Prussiens pur jus, mais d’ardents patriotes de la Grande Allemagne. Tout d’abord, à tout seigneur tout honneur, le major Oskar Von Preusse, un splendide teuton, grand, blond, l’œil bleu, le visage empli de morgue, l’uniforme rutilant. L’homme était connu à la fois pour ses conquêtes féminines et pour ses exploits sportifs; il excellait à monter à cheval et sa réputation n’était plus à faire non plus au sabre. N’avait-il pas triomphé dans vingt-deux duels et tué tous ses adversaires? Il en allait de même au pistolet. C’était le Paul de Cassagnac allemand.
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 Sa noblesse était ancienne puisqu’un de ses ancêtres avait été distingué sur le champ de bataille au temps de la Troisième Croisade. De même pour sa richesse, assise sur la terre. Il possédait une immense propriété en Poméranie et ses élevages de chiens et de chevaux avaient remporté de nombreuses médailles tant dans sa patrie qu’hors de celle-ci. Présentement, Oskar s’était mis au service du vieux Bismarck. Celui-ci lui avait confié une délicate mission, lui laissant entendre qu’au bout de celle-ci, il serait fait directement colonel et entrerait dans la garde du prochain Empereur, non pas ce mourant de Frédéric III, mais bien son fils l’orgueilleux et impulsif Guillaume, encore Kronprinz pour quelques semaines. Pourtant le prince impérial et le chancelier ne s’entendaient guère et ce n’était un mystère pour personne. Von Preusse n’avait pu qu’accepter la délicate mission. Serait-il à la hauteur vu que celle-ci exigeait de lui la plus grande discrétion?
Pour l’aider dans son entreprise, Oskar avait reçu le soutien du lieutenant Werner Von Dehner, trente ans à peine, quelque peu polyglotte puisque pratiquant couramment l’anglais et le français en plus de sa langue maternelle. La famille de Werner prenait ses racines en Saxe. Lui n’était pas aussi fortuné. Il avait effectué ses études secondaires dans un séminaire et sa foi catholique l’avait entravé dans son avancement. Toutefois, le jeune homme s’en moquait, s’intéressant davantage à la physique et à la géologie qu’au contenu de sa bourse. Il avait donc le profil rêvé pour seconder habilement le major; d’ailleurs, c’était pour cela que Bismarck l’avait choisi. Werner paraissait assez terne comparé à son supérieur direct. Il arborait une petite moustache de couleur blond-roux et des lunettes aux verres teintés qui dissimulaient l’intensité et la vive intelligence de ses yeux gris. Sa taille n’avait rien non plus de remarquable puisqu’il ne dépassait pas le mètre soixante-dix au contraire d’Oskar qui atteignait le mètre quatre-vingt-dix. Le comte Von Preusse prenait un malin plaisir à houspiller son lieutenant qui n’était que chevalier et dont la noblesse ne remontait qu’à Frédéric Premier. Werner supportait toutes ces humiliations avec patience, sachant bien que le résultat de la mission dépendrait de lui avant tout. Il ne voulait pas pousser sa carrière mais simplement permettre à ses parents de rembourser des dettes gênantes depuis le krach de 1873. Voilà pourquoi le jeune homme s’était empressé d’accepter les ordres du vieux chancelier qu’il n’appréciait pas particulièrement. Un duo mal assorti donc dont l’efficacité restait à prouver.
Pour l’heure, les deux hommes avaient gagné Paris et établi leurs pénates à l’ambassade d’Allemagne avec la fonction fictive d’attachés militaire et culturel. L’ambassadeur s’était naturellement plié aux vœux d’Otto Von Bismarck à qui il devait toute sa carrière. Régulièrement, Oskar était chargé de dépouiller le courrier diplomatique venu tout droit de la Wilhelmstrasse. Ce matin-là, il s’attelait à cette tâche tout en fumant un cigare aussi long qu’un barreau de chaise. 
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- Ach… pour une fois les instructions sont claires. Le vieux lion approuve mes suggestions. Tant mieux. Le baron Kulm est revenu dans la capitale. Mais il a évité l’ambassade. Bon. Je vais demander à l’ambassadeur de l’inviter et j’étudierai son visage et son attitude. Celui-là, comme on dit vulgairement, je ne le sens pas! Un de mes hommes a remarqué d’étranges allers et venues au Havre. Intéressant. Et la duchesse d’Uzès, selon mes sources, donne une soirée dans trois jours où tout ce qui compte à Paris et ailleurs se rendra. Le général « La revanche » y sera. Ce matamore! Je ne veux pas rater ça! Mais ce ne serait guère prudent de m’y pointer. Teufel! Comment faire? 
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Tout à son problème, Oskar ne fit nullement attention au laveur de carreaux à l’extérieur qui, visiblement, faisait semblant d’accomplir son travail. Le bonhomme appartenait au Deuxième Bureau. Une fois le major parti de la pièce, le bonhomme descendit de son échelle et siffla d’une façon particulière. Cela signifiait à la femme de ménage qu’il y avait du « gras » à ramasser. Ce soir, le Quai d’Orsay serait en ébullition.
Au fait, que savait exactement le Deuxième Bureau dans le complot qui se tramait et contre la République et contre l’Allemagne? En fait, pas grand-chose. Bien évidemment, il suspectait le général Boulanger de vouloir le pouvoir, pressentait que la duchesse d’Uzès le subventionnait, se méfiait de la baronne de Lacroix-Laval, connaissait son affiliation à une secte des plus étranges et farfelues, mais ses principaux renseignements provenaient de l’ambassade d’Allemagne elle-même! C’était là le sel de la chose. 
Personne au Ministère de la Guerre et au Ministère de l’Intérieur n’aurait pu imaginer les plans d’Aurore-Marie et du baron Kulm. Seul, le chef de la pègre de Londres en avait une idée. C’était pourquoi, délaissant ce qu’il avait présentement sur le feu, il avait diligenté ses meilleurs agents en France. Sir Charles Merritt avait une longueur d’avance sur le Foreign Office et sur les Allemands. Les Français étaient hors jeu ou peu s’en fallait pour lui. Le scientifique dévoyé avait en sa possession quelques écrits qui lui donnaient un avantage sur tout le monde.
Bref, le raout chez la duchesse d’Uzès, dans le château de Bonnelles promettait d’être fort couru cette année. Mais aussi plein de surprises.

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 Il était quatorze heures, l’heure de dîner. L’Oberst-colonel Erich Von Stroheim et son ordonnance Wilhelm Von Arnheim étaient reçus par le Kanzler Otto Von Bismarck. Ce dernier était attablé devant un repas pantagruélique qu’il arrosait généreusement de vin blanc du Rhin et de Beaumes de Venise. Après une pintade farcie dont il n’avait laissé que la carcasse, le vieil homme s’était enquillé huit truites façon sole meunière et avait terminé cet en-cas par une crème catalane fortement imbibée de cognac. Ses yeux vitreux avaient du mal à se fixer sur ses hôtes. La chaleur de la pièce tendue de vert s’additionnait à celle des alcools divers. Avec familiarité, Otto avait cru bon de déboutonner sa redingote d’uniforme bleu de Prusse. 
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Erich et Alban avaient assisté à la fin de ce repas, roides comme il se devait, attendant le bon vouloir du chancelier. Enfin, celui-ci daigna adresser la parole au lieutenant-colonel.
- Meinen Herren, pardonnez-moi, mais je crois que je vais vous recevoir sur la terrasse. J’ai besoin de prendre l’air. J’ai fort mal dormi cette nuit, comme les autres d’ailleurs. Mes proches le savent bien.
 En son for intérieur, Erich Von Stroheim n’ignorait rien des ennuis de santés du Reichskanzler. Ses excès alimentaires, tabagiques et l’abus d’alcools forts n’arrangeaient pas les choses. Le timonier du II e Reich souffrait de crises de goutte aiguës et d’hémorroïdes. Il était devenu insomniaque depuis un certain nombre d’années. Il en résultait une grande irritabilité dont tout le monde se méfiait. Toutefois, seuls ses deux dogues noirs trouvaient grâce à ses yeux.
Après avoir atteint la terrasse et s’être confortablement installé dans un fauteuil, le chancelier s’enquit de la raison précise de l’entrevue.
- Messieurs, veuillez me pardonner mais je suis si sollicité que j’ai oublié la raison pour laquelle je vous ai accordé cette audience.
- Votre Excellence, il n’y va pas de votre faute, fit avec une onctuosité recherchée Erich, mais je devais me présenter à votre personne muni de mes lettres d’accréditation.
- Ah! Monsieur, je ne puis me tromper. Mais je décèle dans vos paroles un soupçon d’accent autrichien.  
- Bien entendu, monsieur le chancelier. Je suis natif de Vienne et n’ai gagné l’Allemagne qu’à l’âge de vingt ans. C’est là que j’ai décidé de me mettre au service du Kaiser Wilhelm. François-Joseph m’a fortement déçu. Sa vision de la politique européenne n’est pas assez cohérente et manque d’envergure. Déjà, lors de Sadowa, je servais chez les dragons de la garde dans leur célèbre uniforme rouge et bleu de Prusse. Cet uniforme, je l’ai porté avec une grande et légitime fierté. Mes faits d’armes m’ont naturalisé Allemand. 
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Ces mensonges furent assénés avec un si remarquable aplomb qu’ils ne firent pas ciller Bismarck. Plus le mensonge était gros, plus il passait. Par contre, Alban devint cramoisi. Depuis le début de l’entretien, le jeune homme n’avait pipé mot. Son silence n’était pas dû à une simple question d’accent car, lorsqu’il s’exprimait dans la langue de Goethe, on pouvait le croire originaire de la Rhénanie. Les cours d’allemand de sa nounou durant son enfance s’étaient avérés fort utiles. Kermor pratiquait avec une facilité déconcertante les plus grandes langues européennes. Voilà pourquoi Daniel Lin l’avait sélectionné pour cette mission.
Tout en acceptant lesdites lettres d’accréditation, Otto Von Bismarck ne s’en interrogerait pas moins. Comment pouvait-il croire à la fidélité d’un Autrichien mettant ses capacités au service du II e Reich? Ce Von Stroheim n’émargeait-il pas à Schönbrunn? Il prit la décision de faire surveiller l’étrange lieutenant-colonel et son ordonnance si mutique.
Comme il fallait meubler la conversation, Otto prit l’initiative d’évoquer la santé de l’actuel Empereur, ce qui n’était plus un secret d’Etat.
- Notre Kaiser Frédéric III se porte fort mal. 
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- Ah oui? Son cancer de la gorge, sans doute? Hasarda Erich.
- Tout à fait. Il ne durera pas. Il y a peu, Sa Majesté Impériale a subi une trachéotomie et porte désormais une canule à l’emplacement du larynx. Empêchée de parler, elle ne communique plus que par des billets écrits.
- Un lourd calvaire, une agonie insupportable! Émit Von Stroheim ému malgré lui. 
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Le comédien se désolait sincèrement car il pensait avec justesse que si Frédéric avait vécu, Guillaume II n’aurait pas eu autant les coudées franches au début du siècle suivant. Non pas que la Première Guerre mondiale aurait pu être évitée. Toutefois, son pouvoir personnel aurait été entravé par les réformes libérales que son père aurait imposées.
Dix minutes plus tard, les deux imposteurs, ayant pris congé, croisèrent dans l’un des corridors un majordome qui s’enquérait des besoins du chancelier. Une fois seuls, les tempsnautes s’entretinrent de ce qu’il fallait d’abord faire.
- Moi, commença le comte de Kermor, je veux bien retourner à Paris surveiller d’un peu plus près ces deux maudits espions allemands Oskar et Werner avant qu’ils n’embarquent pour l’Afrique dans le sillage de l’expédition Boulanger.
- Certes, je puis me débrouiller seul ici. Avec les transpondeurs, c’est un jeu d’enfant de rester en contact avec toute l’équipe où que soient ses différents membres.
- Cela me fait penser que je dois envoyer un message à Sitruk, reprit Alban.
- Il a dû arriver en Afrique.
- Je veux m’assurer que tout va bien pour lui.
- Quel est exactement le rôle dévolu à Dalio?
- Un comprador évidemment.
Cela était dit naturellement, sans aucune trace de mépris. Il y avait longtemps que les hôtes de l’Agartha avaient oublié leurs préjugés raciaux et racistes.
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Un comptoir, sur la côte du futur Congo Brazzaville. Marcel Dalio qui supportait sans problème la chaude moiteur tropicale, s’affairait à la mise en place de sa boutique d’import-export. Sa couverture devait être sans faille. Lorenza et Benjamin avaient beau proposer leur aide, Marcel leur répondait vertement qu’il savait parfaitement se dépatouiller tout seul. Quant à Gaston, il avait placé quelques caisses dans l’arrière boutique malgré les récriminations du comédien. De la Renardière avait besoin d’activité, de travail de force afin de garder son humeur égale. Il regrettait qu’il n’y eût point de salle d’armes dans cette contrée arriérée. Tout cela en parfaite innocence. 
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La troupe disposait d’un délai de quelques semaines, voire un mois plein avant de voir débarquer l’équipage du Bellérophon Noir avec à sa tête le général Boulanger.
Mais peut-être serait-il bon de décrire le comptoir du comprador non improvisé? Que contenait donc la boutique pour être crédible?
Pour commencer, des défenses d’éléphants. Et tant pis pour les défenseurs des animaux! Ensuite, des peaux de lions et de panthères, des crinières, des dépouilles de crocodiles, des fusils, des barils de poudre, du ratafia, du whisky et d’autres alcools forts, des moustiquaires et des pains de savon, des cordes, des boîtes d’allumettes, des lampes à pétrole, des bidons du même carburant ou mode d’éclairage, et des bougies, du sel en grosse quantité, des harengs saurs, de la morue séchée, de la mélasse, du bois, des masques nègres, des lances et des sagaies, du poison aussi, des cartouchières vides ou pleines, de l’éther, des narcotiques, des bandelettes, des colliers en verroteries, mais également des pendentifs de dents de requins, des casques coloniaux, des bottes de diverses pointures et des guêtres, des plastrons, des gibus dépareillés, des chemises et des shorts ou des pantalons assortis, des vestes en toile, des jupes et jupons, des tubes de pommades pour soigner les piqûres des petites bêtes hantant cette contrée, des conserves - le plus souvent du corned-beef - du tabac, des pipes et des cure-pipes, des étuis à cigarettes, des bocaux au contenu mystérieux, des mains de gorille naturalisées, des têtes de chimpanzés de tous âges, des scorpions et mille-pattes séchés, des racines aux étranges propriétés, des poudres soit disant médicinales, de la quinine, des potions de toutes sortes et ainsi de suite. Ce bric-à-brac s’entassait dans à peine quelques mètres carrés sans aucun ordre ni hygiène ce qui faisait frémir Lorenza. Mais cela n’avait pas l’air de gêner le comédien qui, lui, s’y retrouvait facilement dans ce capharnaüm. 
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- C’est pour l’authenticité, fit-il à l’adresse de la doctoresse lorsqu’elle lui objecta que certains produits ne devaient pas traîner à même le sol en terre.
- Il y a là de quoi déclencher une épidémie! Objecta la brune métamorphe.
- Aucun risque pour nous, ma chère, reprit Marcel avec aplomb. Nous avons reçu tous les vaccins inimaginables et nous disposons à volonté de bio médicaments!
- Je n’insiste pas, frémit Lorenza en se passant une main nerveuse dans sa chevelure retenue par des épingles.
- Tu as raison, appuya Benjamin. Dalio sait ce qu’il fait.
- Pardi! Je me base des films que j’ai vus au cinéma!
Sur ces phrases sans réplique, Marcel s’en retourna parfaire le décor de sa boutique. À l’extérieur, Gaston astiquait la lame de son sabre avec une peau de chamois.
- Alors, il vous a rabroués? Questionna-t-il ingénument.
- Exactement! Souffla Benjamin. D’où avez-vous pris ce sabre?
- Du synthétiseur! On ne sait jamais. Et c’est l’arme que je manipule le mieux.
- Espérons que vous n’aurez pas à vous en servir, mon vieux.
- Holà! Vous n’approuvez pas? Nous ne sommes pas lancés dans une partie de plaisir. Autant nous préparer à faire face…
- A quoi? À l’assaut des fauves?
- Non! À l’attaque des sauvages qui peuplent cette contrée. 
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- Hum… vos propos ont des relents racistes. 
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- Nullement, Benjamin. Je me montre réaliste. Oubliez-vous que les Blancs sont ici les envahisseurs, l’ennemi à combattre? Il est donc légitime pour les guerriers noirs de vouloir se défendre! 
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- Décidément, aujourd’hui n’est pas mon jour! Jeta mélancoliquement Sitruk. Voilà que je me fais donner la leçon par vous, Gaston…
- Ne m’en veuillez pas, mon ami. Allez. Ce soir, Marcel nous régalera d’une de ses anecdotes dont il a le secret…
- S’il est d’humeur joyeuse…
- Pas de cette mine triste à faire fuir d’éventuels clients… Notre comédien vous en voudrait.
- Certes. Mais je ne sais pas si j’ai l’étoffe d’un explorateur. Vous oui, apparemment. En attendant, je me demande comment cela se passe pour les autres.
- Vous doutez de leur ingéniosité?
- Pas vraiment. Mais je crains une gaffe de Saturnin. Pourquoi le Conseil a-t-il approuvé son adjonction?
- Parce qu’il connaît bien la période, c’est simple.
- Ah! J’envie votre optimisme, Gaston.
- Je sais pourquoi vous vous montrez aussi inquiet, émit de la Renardière avec un sourire. Violetta à Paris…
- Précisément. Enfin, Daniel Lin la chaperonne. Faisons avec…
- Oui, faisons avec.
Benjamin avait-il raison de craindre une sottise de la part de Beauséjour et de se faire du mouron pour sa fille? Peut-être…. 
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 A suivre...
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