jeudi 19 janvier 2017

Cybercolonial 2e partie : Du rififi à Kakundakari-ville chapitre 19 2e partie.



Tandis que le groupe parvenait à l’hôtel déjà entrevu, Deanna Shirley n’avait de cesse d’irriter ses compagnons et particulièrement Daniel Lin avec ses jérémiades.

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- Je m’attendais, en nos péripéties, à l’attaque d’un singe lubrique souhaitant me kidnapper. Cela n’a point eu lieu.
- Oh, la grande star d’Hollywood ! Combien de fois as-tu visionné King Kong, ironisa Louis Jouvet.

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- Il y a plus capricieuse que moi, s’offusqua DS de B de B. A ce propos, il est fort étrange que ni Shirley Temple, ni Marilyn, ni Elizabeth Taylor ne soient les invitées de l’Agartha.
Craddock ricana.
- Planche à pain, c’est tout vu ! Marilyn et Elizabeth auraient foutu le bordel. Toutes deux sont ingérables au contraire de Birgit Langström, de votre sœur Daisy-Belle – quoi que vous en pensiez – d’Ava Gardner, de Katharine Hepburn, d’Ingrid Bergman et Barbara Stanwyck.
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- Marin d’eau de cale, répliqua Deanna d’un ton cinglant, parce que vous croyez que Vincent van Gogh, Michel-Ange, Leonardo, Verlaine, Hugo, Einstein, et bien d’autres le sont, eux, gérables ?
- Plus que vous. Certes, ils ont des sautes d’humeur, comme tous les grands esprits, les artistes, mais ils n’ont jamais mis la Cité en danger. Je les contrôle.
- Ah oui ? Victor m’a lutinée une fois. Il a même voulu que je pose nue pour lui ! Révoltant !
Daniel eut un sourire en coin.
- Vous l’aviez allumé.
- Pffou ! Un balai qui aurait passé une jupe, il arriverait à le trouver sexy.
-  Ouais, c’est bien vrai, s’exclama le capitaine de rafiot rouillé.
Carette fut pris d’un rire irrépressible.
-  Il n’y a que Pauline qui n’a pas été l’objet de ses approches, fit le comédien.
Dalio proposa :
- Commandant, puisqu’en réalité, c’est vous qui faites la pluie et le beau temps à l’Agartha, lors de votre prochaine sélection, ne choisissez plus que des vieilles rombières du style Marguerite Moreno
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 ou des commères desséchées comme Louella Parsons et Hedda Hopper.
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- Oh là là ! La Cité va devenir un éteignoir, répliqua Daniel Lin.
- Commandant, implicitement, vous venez de reconnaître que vous peuplez le Rot du Dragon selon votre volonté. Tous ces artistes, tous ces talents, qui n’appartiennent pas à la même époque, comment ont-ils pu trouver la porte de Shangri-La ? 
- Spénéloss, vous venez de mettre le doigt juste là où il ne fallait pas. En tant que 35e sur 36 de la hiérarchie, les miens me laissent une certaine liberté. Je puis donc préserver la quintessence, bref, ce qui est le plus remarquable chez l’humanité.
- En attendant, s’inquiéta le jeune comte de Kermor, je me demande comment l’hôtelier va accueillir cette smala d’Abd-el-Kader.
Le commandant Wu reprit la parole :
- Le problème Dodgson sera réglé, vous ne vous en rendrez même pas compte.
Benjamin soupira, regardant son épouse avec l’air de lui dire : « Je te l’avais bien dit, il retombe dans ses travers. Nous comptons pour du beurre. »
Daniel Lin capta la pensée subversive du commandant Sitruk mais fit comme si de rien n’était.
- Pour rappel, les communications ont été rétablies. Outre Dodgson, Michel, Guillaume et Frédéric nous attendent avec impatience. Je les ai prévenus de notre arrivée imminente, renseigna le pseudo daryl androïde.
*****
Une scène quelque peu animée se déroulait dans le salon de la suite louée par l’Artiste. Celui-ci était conforme au style rococo vénitien surchargé du XVIIIe siècle. Cependant, les ors avaient quelque peu terni et les tapisseries apparaissaient défraîchies.
Tandis que Craddock, assoiffé, se versait un verre de limonade, que Violetta après un bain se séchait les cheveux, un échange verbal acerbe agitait la plupart des protagonistes. Toutefois, Deanna Shirley n’y participa pas, affalée qu’elle était, en peignoir à ramages, sur un confident-de-ces-dames bien capitonné sur lequel elle ne tarda point à ronfloter, sa fatigue ayant été la plus forte. L’acrimonie de Frédéric se faisait sentir à tous.
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- Daniel, vous me connaissez, jamais je ne me plains. Jamais je ne formule des reproches concernant vos décisions. Mais cette fois-ci, vous êtes allé trop loin. Je veux bien croire que vous aviez fort à faire là-bas en Afrique, mais tout de même ! Vous m’avez laissé gérer tout seul le cas Dodgson, la présence de Madame la baronne de Saint-Aubain qui a cru bon de vouloir me tuer. Ceci dit, je m’en doutais. J’avais pris les devants, lui rejouant un tour à ma façon, comme celui d’autrefois au bord de la Seine, face à Wanda.
- Oui, mais attention, rajouta Michel Simon, j’en suis témoin : pas un seul instant la vie de Frédéric ne fut mise en danger. Plus comédien que lui, tu meurs.
- Il n’empêche ! Mon échine s’est glacée, s’exclama Guillaume. Pristi ! Je vois encore le Maître plonger dans les eaux de la Lagune. Je l’ai cru mortellement blessé !
- Pieds-Légers, tu as encore la chair trop tendre et ton cœur n’est pas assez endurci, émit l’Artiste avec condescendance.
- Pourquoi cette scène s’il n’y a jamais eu de danger ? s’étonna Daniel. Dois-je mentionner une fois encore que le contact était rompu et qu’il m’était impossible d’intervenir ? Que diable ! J’ai beau posséder quelques atouts, il ne faut pas trop m’en demander.
- Ouais, tu parles d’atouts ! Le Pendu, le Mat, la Mort, le Diable, la Maison-Dieu etc. ironisa Michel.
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Les yeux de Spénéloss brillèrent lorsque le comédien prononça « la Maison-Dieu ».
Le Préservateur sourit imperceptiblement. Il jeta :
- Ma foi. En tant qu’avant-dernier Ying Lung, je puis beaucoup mais je n’ai pas les attributs d’un dieu ! Sinon, il y a longtemps que les humains auraient atteint le stade supérieur par excellence, celui de l’énergie pure, en osmose et en communication directes avec le Pantransmultivers. Même moi j’ai des difficultés à rester connecté avec la Réalité.
C’était là un gros mensonge de la part de Dan El. Il ne passa pas auprès de l’Hellados.
- Hum…toussota Spénéloss. Ni omniscience, ni omnipotence… Une entité en rodage quoi ! Pardonnez-moi, commandant, mais vous n’êtes pas encore adulte.
Les humains ordinaires en eurent le sifflet coupé. Gaston s’exclama, sa royale humide soudainement :
- Vertuchou ! Les bras m’en tombent.
- Hé bien, ça, c’est balancé ! grommela le Loup de l’Espace.
- La vérité sort de la bouche des Helladoï, murmura Daniel Lin. Ils sont pires que les enfants.
- Qu’allons-nous faire de Dodgson, demanda Lorenza. Pardonnez-moi, reprit la doctoresse en se tournant vers le révérend, mais je me dois d’être directe. Vous n’avez pas votre place ici en 1888. Vingt-trois années de votre vie vous ont échappé.
- En tant qu’entité, Ying Lung, je puis vous renvoyer à votre point de départ. L’acceptez-vous ?
Charles hésita une poignée de secondes puis donna sa réponse :
- Volontiers, mais… Ma mémoire ?
- Vous n’aurez jamais vécu cet enfer d’être prisonnier derrière un miroir. Toutefois, votre subconscient se souviendra de cette expérience douloureuse et vous mettrez celle-ci à profit avec toute la fantaisie dont vous êtes capable.
- Soit. Je retourne en 1865 et je m’attelle à la publication d’Alice au pays des merveilles.
Est-il bon de mentionner cette évidence aux lecteurs que, dans ce 1888-ci subsistait encore une légère déviation : aucun des ouvrages de Lewis Carroll n’avait paru, et pour cause. Le mathématicien s’enquit également du sort d’Alice Liddell.
- Quant à mademoiselle Liddell, que va-t-il advenir d’elle ?
- Monsieur Dodgson, je ne suis pas un monstre. Elle retrouvera son univers. Sa folie sera effacée. Elle ne se sera jamais rendue coupable de ces meurtres abominables. Elle a toujours été pardonnée. Vous avez ma parole.
Aux derniers mots prononcés par Daniel Lin, Lorenza frémit.
- Seigneur, il parle comme s’il était Dieu !
*****
Espagne, 1616.
L’homme pourceau émettait force mugissements et grognements. Il macérait dans son suint et ses sanies depuis un temps incalculable. Ses hardes insanes de berger luisantes comme imprégnées d’un oing exhalaient une puanteur qui prenait à la gorge tous ceux qui s’approchaient. Il s’était éveillé là, en ce cachot immonde, son corps trapu et difforme enchaîné, sans qu’il eût gardé le moindre souvenir de ce qui avait pu l’y amener. Il gisait, hébété, sur de la paille en putréfaction. Sa langue était gonflée par la soif.

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L’huis grinça. Deux hommes aux casaques de cuir, encagoulés de rouge, s’en vinrent chercher le prisonnier afin de l’interroger une nouvelle fois. On ne pouvait rien tirer d’autre de lui que des reniflements, des grondements, si ce n’était parfois un sifflement entre lequel on devinait vaguement un son qui signifiait aleph. Ce déshérité dont le nez était si difforme qu’il rappelait un groin, fut traîné sans ménagement jusqu’à la salle de la question. Trois personnages, plus ou moins importants, l’attendaient.

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Le premier était sans conteste le bourreau séculier doté de tous les attributs vestimentaires de son office. Le second, en robe dominicaine, dissimulait son visage sous son capuce. Cependant, des manches émergeaient des mains inhumaines décharnées qui laissaient percer les os, aux doigts démesurément longs qui s’achevaient par des griffes recourbées. Quant au troisième homme, nous le connaissons déjà pour l’avoir entrevu en quelques scènes précédentes. Ce gentilhomme dévoyé d’origine française, fidéicommis du père dominicain, - peut-être devrions-nous le qualifier d’exécuteur des basses œuvres du dominicain – était toujours vêtu uniformément de noir, des gants jusqu’aux chausses et bottes en passant par la coiffe emplumée. Seul le baudrier, portant une flamberge acérée redoutée par tous ceux qui avaient le malheur de croiser le fer avec lui, rompait cette harmonie. Sa réputation dépassait les frontières de l’Espagne. Il se nommait Thibault de Montargis. Ses yeux bleus et son poil brun en imposaient ainsi que sa taille qui approchait les six pieds.
Sur un simple signe de l’inquisiteur, sans que nulle parole ne soit échangée, le maître tourmenteur commença son office. Il attacha avec des lanières de cuir celui qui devait subir la question. Le berger se retrouva donc sur une planche qui fut ensuite basculée en oblique. Le moine reprit alors son interrogatoire débuté depuis plusieurs jours. D’abord en castillan, puis en aragonais, avant de passer au latin. L’homme ne pouvait que baver, éructer sa souffrance. Thibault de Montargis se proposa de prendre le relais. Passant au français, il interrogea à son tour le paysan.
- Connais-tu ceci, dit-il exhibant une mystérieuse médaille gravée de caractères hébraïques.
- Groomm, brouum, fit l’autre.
- Sais-tu qui est Efrasim Levi ?
L’autre répondit du même grognement.
- Tu as tort de t’entêter de la sorte ! ma patience a des limites.
Un nouveau signe de l’inquisiteur et le bourreau resserra les liens. Poursuivant, Thibault de Montargis demanda :
- As-tu vu le golem ? On dit qu’il est ici en Espagne.
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Réagissant au mot golem, le prisonnier hocha la tête et ses lèvres livrèrent une sorte de sifflement qui signifiait aleph… aleph…
- Est-ce de cela que tu veux parler, questionna Thibault tout en brandissant un morceau de parchemin sur lequel se détachait une lettrine figurant la première lettre de l’alphabet hébraïque.
Les yeux du tourmenté roulèrent dans ses orbites tandis que son chef amorçait un mouvement d’acquiescement.
- Nul ne peut identifier le signe s’il n’a vu le golem au préalable, déclara le Dominicain en castillan. Tu t’es trahi, jeta-t-il ensuite. Tu nous as mentis. Tu es un serviteur d’Efrasim Levi. Il est ici, à Madrid et nous voulons savoir où exactement.
Thibault suggéra quelque chose à l’oreille de l’inquisiteur :
- Nous n’arriverons jamais à arracher des aveux complets à ce croquant en recourant à des moyens ordinaires.
- Cet homme n’est qu’un pion mineur, fit le Dominicain, un élément parmi d’autres d’une vaste conjuration qui embrasse l’Europe tout entière avec les Marranes, les Morisques et les Protestants. Tous se sont alliés pour abattre la couronne d’Espagne.
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Le spadassin français frémit. Il connaissait le nom du chef de la résistance morisque, Moussa M’Zé. Le moine s’adressant au bourreau, lui ordonna :
- Faites usage de l’armet de Nuremberg et préparez la forge.
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L’armet de Nuremberg était un des plus redoutés instruments inquisitoriaux récemment mis au point. Il consistait en ce qui ressemblait à première vue à un casque savoyard à visagière communément en usage parmi les troupes du duc Charles-Emmanuel,
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 durant la guerre de l’an 1600 contre Henri IV. Le principe de ce casque amélioré combinait les dards acérés internes des vierges de fer aux écrous et rivets qu’on resserrait ad libitum à la coiffe métallique. Ce casque se prolongeait par un gorgerin et un début de busc. Le bourreau en enveloppa le berger puis referma les deux volets de la visagière avant d’en verrouiller le mézail et de commencer à serrer boulons et rivets.
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Le résultat ne se fit pas attendre. Le témoin hurla tandis que des gouttes de sang venaient rougir le sol déjà maculé de taches.
Malgré la douleur, il se montrait impuissant à articuler clairement. On comprit toutefois un vague A El qui ne signifiait absolument rien pour les hommes de l’an 1616. Alors, d’un nouveau geste, le grand inquisiteur intima au maître tourmenteur l’ordre de faire basculer la planche de torture de manière à ce que le cap ferré de la victime fût en son entièreté introduit dans le four de la forge porté à une température suffisante pour que le fer entrât en fusion.
C’était là la mort assurée de l’infortuné.
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Thibault de Montargis et celui qu’il servait, don Sepulveda de Guadalajara, n’avaient cure de ce nouveau cadavre. Les lèvres du bretteur noir esquissèrent un sourire sadique tandis qu’une épouvantable odeur de chair brûlée était exhalée par le four. Peu importait que les renseignements tirés du malheureux se limitassent à un A El qu’il leur fallait décrypter. Les recherches allaient désormais se concentrer sur tous les traités de démonologie et de sorcellerie rédigés depuis deux cent cinquante ans.
 A suivre...
*****

vendredi 6 janvier 2017

Cybercolonial 2e partie : Du rififi à Kakundakari-ville chapitre 19 1ere partie.



Chapitre 19.
D’instinct, après cette éprouvante nuit, elle avait rejoint l’antre luxueux de Sir Charles, encore revêtue de ses grotesques oripeaux aliciens. Encore tremblotante, le pas incertain, la poétesse le découvrit fulminant de colère, jurant en un anglais trivial pratiqué dans les docks et les bas-fonds de Blackfriars. La vraie Alice s’était enfuie avant même qu’eût sonné prime au campanile de Saint-Marc.

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- Bitch ! La garce m’a faussé compagnie ! Lorsque je la retrouverai, je la ferai frire dans l’huile puis la donnerai à manger à mon Orang Pendek.
Aurore-Marie préféra ignorer les éructations de Sir Charles. Son esprit embrumé lui disait qu’elle saurait calmer le mathématicien.
Arrachant la perruque brune qui la coiffait encore, elle s’exclama alors : « Alice, c’est moi ! »
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Le rire démentiel de la nuit des catacombes de Cluny retentit lors à la face d’un Sir Charles abasourdi et sidéré. Il balbutia :
« Ce rire… je le reconnais… C’est celui du comte…Galeazzo. »
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Désormais, le résidu noir possédait Aurore-Marie de Saint-Aubain, une Aurore-Marie dont l’existence dépendait de lui seul, trace fantôme du Mal, subsistance infime non point de Fu, mais de Galeazzo di Fabbrini et Don Sepulveda de Guadalajara, cette trace qu’A El/Antor avait révélée à Daniel Lin. Poursuivant, la poétesse affirma, assenant ses paroles, s’obstinant dans le mensonge :
« Je suis la seule et authentique Alice, celle voulue par votre double positif, celle illustrée par John Tenniel.
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Alice jumelle blonde qui sa rivale brune assassina après qu’elle l’eut piégée… Miss Liddell n’était qu’une usurpatrice. Ne regrettez point son escapade. »
Comme en affirmation réitérée de ses dires, elle s’ébroua, secoua ses boucles d’or miellées et cendrées. Reprenant, Sir Charles révéla à Aurore-Marie un fait qu’elle ignorait :
- Stoppe-là ma belle ! Le baron Kulm aussi a disparu après qu’il m’eut dévoilé sa véritable nature…
- Comment ! Kulm était à Venise et vous ne m’en dîtes rien ! Pour quelle obscure raison ne m’en confiâtes-vous pas le secret ?
Les tempes de la poétesse pulsaient d’un accès de fièvre turbide, presque démoniaque.
- Mais pour qui te prends-tu, mijaurée ? Je n’ai aucun compte à te rendre, surtout pas le fait que Kulm n’était point humain. Tu aurais dû t’en apercevoir depuis Cluny et ton intronisation dans ta secte d’opérette. En onze années, tu n’as rien senti ? Aucun effluve suspect émanant de lui ? Un mareyeur aurait vite compris ! Il puait le rotten fish, le poisson pas frais. Il n’est resté de lui qu’une flaque nauséabonde d’une eau douteuse. Des traces blanchâtres témoignaient cependant qu’il avait regagné son élément naturel : les eaux de la lagune.
Le récit fantastique de Marguerite de Bonnemains revint à la souvenance de la poétesse.
- Une tête trop allongée, un bec de calmar…
- Tout à fait.
- Mais un être aussi difforme ne peut exister ? A moins qu’il provînt de l’autre côté du miroir.
- Non pas un démon, un Sélénite plutôt.
- Sir, vous vous moquez !
- La multiplicité des mondes est un fait avéré. Dans cette optique, il est donc logique qu’il existe une multiplicité des formes de vie.
- Vous en êtes une n’est-ce pas ?
- Tout comme vous. De fait, vous souffrez d’un dédoublement de la personnalité. Le spectre de Galeazzo di Fabbrini vous hante, madame !
- Dîtes plutôt celui de Marie d’Aurore ! Sir, j’ai une révélation… Je vous la réserve… Le lendemain de mon crime… Je fus tentée par l’expiation.
- Réaction féminine. Preuve d’une authentique faiblesse, jeta avec mépris Sir Charles, plus misogyne que jamais.
- Le repentir… Je songeais à ceux de là-bas, à la mère, au frère que Marie d’Aurore avait eu la chance d’encor connaître. Je voulus leur dire, leur avouer mon forfait… C’était le 2 septembre de l’année 1876. Je croyais ma mauvaise action réversible, rachetable, réparable. Mon expérience se reproduirait-elle ? Traverser la psyché une seconde fois pour leur conter ce qu’il advint. Des heures durant, j’attendis le miracle, la possibilité que la glace devînt molle… Des heures durant, je scrutai mon reflet, guettant le moindre signe… jusqu’à ce que celle que je vis en face ne fût plus tout à fait moi. C’était une entité tierce, ni Marie d’Aurore, ni moi-même. Une nouvelle Aurore-Marie, plus mauvaise que moi-même, plus dangereuse. Une arme que rien ne pouvait retenir. Je crus à son désir irrépressible de s’extraire à son tour de la glace afin de m’absorber, de se substituer à moi.
Sir Charles se retint de rire. Son sarcasme blessait la poétesse dans sa chair.
- Fantasmagorie d’opiomane ! Quelle fiole de laudanum aviez-vous donc absorbée avant que ces visions ne se produisent ?
- Rien, monsieur le goujat. Je vous ouvre mon âme. Je vous avoue ce que même mon époux ignore. Et vous vous moquez. Cet autre moi transsudait la haine et le sang par tous les pores de sa peau pellucide. Sa vêture surannée rappelait un peu le célèbre tableau de Velázquez Les Menines. 
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 Un large vertugadin emprisonnait sa taille fluette. Cela ne l’empêchait nullement de se mouvoir avec une facilité déconcertante. Ce moi frappé d’albinisme, aux prunelles d’escarboucle, aux longues torsades de lin, souhaitait sortir de sa geôle, gagner ce monde. Il n’était pas seul. Derrière lui se tenait un gnome répugnant, frappé d’une pathologie similaire. Je ressentis en lui le Mal quintessencié. Je pourrais vous le décrire en usant de la comparaison avec les différents simiens empaillés que j’eus le loisir de voir en différents muséums d’histoire naturelle. Il arborait des crocs très fins, très aiguisés, dans une énorme bouche, au sein d’un visage frappé de macrocéphalie.
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 Quant à ses griffes noires et recourbées, elles crissaient, tentant de rayer le tain du miroir, comme si elles eussent voulu le lacérer afin de le traverser. Les globes oculaires disproportionnés qui achevaient de défigurer sa face fantasmatique scintillaient d’un éclat rubescent rappelant le rougeoiement des Enfers. Je fis du mieux que je pus afin que ces créatures ne pussent mettre leurs desseins à exécution. Déjà, une main d’enfant marmoréenne, dotée de longs doigts d’albâtre, friselait la glace de petites ondes imperceptibles, déformant davantage ce qu’il y avait de l’autre côté du miroir. Je n’eus d’autre choix que de briser la psyché, la renversant, privant ces monstruosités d’une issue. Je venais de clore à jamais le passage vers cet univers.
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A ces mots, Sir Charles cogita. Ses lèvres lui brûlaient. Il se souvenait de certaines recherches, dangereuses, menées autrefois par son mentor, Charles Babbage,
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 dans ce monde, ou dans l’autre, en ce côté de l’interface, ou de l’autre côté. Il s’agissait du problème de l’anti-information auquel Dan El, dès les origines, avait été confronté. Il se résolut ; il parla, sachant pertinemment que Madame de Saint-Aubain ne saisirait mie de son discours.
- Madame, vous qui venez de Lyon, devez connaître le mécanisme de la mémoire des métiers à tisser que mit au point monsieur Jacquard.  
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- J’ai idée à quoi vous faites allusion, bien que mon mari Albin soit plus au fait de la chose que moi. J’ai vu ces cartes perforées ; chaque trou correspond à une instruction.    
- Oui-da. Un trou, un ordre ; pas de trou rien… Nous pourrions à la rigueur assimiler tout cela à des chiffres… Pas de trou égale zéro, un trou égale un.
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- Je n’envisageais point les métiers à tisser sous un tel angle mathématique.
- Madame, apprenez qu’un beau soir, à l’orée de ce siècle, notre inventeur, alors qu’il se tenait assis près d’un miroir, une de ces bandes perforées en mains…
- Il lui advint une aventure étrange similaire à la nôtre ? La glace l’absorba ?
- Non pas, Madame. Seule la bande perforée subit ce sort… que je comparerais presque à un sortilège, nonobstant le fait incontestable qu’il n’y a aucune sorcellerie là-dedans. Tout est lié aux lois de la physique, d’une physique que nous ne parvenons pas encore à expliquer. Une physique dépassant le modèle de l’espace d’Euclide admis à l’ordinaire. Il y aurait plus de trois dimensions dans l’espace.
- Celui qui saura mettre au point un modèle explicatif à ce que vous décrivez n’appartient pas à ce siècle. Du moins est-ce mon avis.
- Oh, je vois. Vous êtes persuadée que votre adversaire, ce Daniel vient de l’avenir.
- Tout à fait. Il transcende le temps.
- Je préfère ricaner. Le voyage dans le temps est impossible… hormis en songe. Nous appartenons à une époque précise. Bien que notre esprit soit capable de créer, d’inventer d’autres univers, nous n’en restons pas moins prisonniers du siècle qui nous a vus naître. J’ai en ma possession un bien étrange ouvrage dû à la plume du révolutionnaire Auguste Blanqui,
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 du temps où il purgeait une peine de prison après les sinistres exploits de la Commune qui ensanglanta Paris.
- Je ne les vécus point. Père nous avait exilés en Belgique par crainte de la contagion révolutionnaire. Mais où donc voulez-vous en venir ?
- La bande perforée de Jacquard était passée de l’autre côté. Toutefois, après une nuit, le miroir la restitua… ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.
- Vous paraphrasez là quelque poëte que j’exècre.
- Madame, vous exécrez beaucoup de choses. Mais je poursuis mon récit. Tâchez de rester impassible. Notre inventeur eut tôt fait de constater que la bande restituée par le miroir était inversée. Il connaissait ses modèles. Désormais, les motifs étaient à l’envers. Une symétrie inverse parfaite.
- La gémellité, les doubles… Longtemps, je me suis passionnée pour ce sujet. J’errai longuement parmi les collections tératologiques de tel ou tel musée, examinant d’hideux flacons renfermant des frères siamois…
- La sœur qui vous a tant manqué. Votre reflet à qui vous auriez pu vous confier. Cette propriété accidentellement acquise par le ruban perforé ouvrit des perspectives insoupçonnées. Cela allait au-delà du concevable, bien plus loin que la découverte ultérieure du négatif photographique. La mathématicienne Sophie Germain
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 eut vent de l’affaire, s’empara du sujet, consacrant jusqu’à ses ultimes forces à la résolution d’une équation introuvable. Elle chercha l’algorithme de l’information négative. Las, elle n’appartenait pas à la bonne époque.
- Les creux devenant bosses, le noir blanc… Je ne vois pas l’intérêt de cette trouvaille.
- Parce que vous n’avez pas l’esprit scientifique, Madame la baronne. Vous n’êtes qu’une poétesse enfermée dans ses rêves brumeux !  Si nous raisonnons à l’échelle de Démocrite et de Lucrèce, cette métamorphose prend alors tout son sens. Les conséquences en sont immenses.
Comme illuminée, Aurore-Marie jeta :
- La théorie atomiste ! Vous me stupéfiez, Sir !
- Madame Ada Lovelace,
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 la bien connue fille de Lord Byron, reprit les recherches. Elle entama une correspondance avec mon maître, Charles Babbage. Elle souhaitait qu’il conçût une machine capable de résoudre l’algorithme de l’information négative, un appareil pouvant calculer toutes les combinaisons possibles, y compris celles qui n’existaient pas… Les puissances négatives. Elle était persuadée que, derrière les miroirs, au-delà de simples opérations d’algèbre combinatoire, existait un antimonde soluble dans l’équation suprême. Naturellement, vous comprenez que la machine de Babbage ne dépassa jamais le stade du prototype non fonctionnel. Lady Ada mourut précocement, sans que ses chimères se concrétisassent.
- Oui, mais les Tétra-épiphanes y sont arrivés, eux… Par le pouvoir des codex… et de ma chevalière ! Euthyphron d’Ephèse, Cléophradès d’Hydaspe…
- L’obsession du miroir impénétrable se limita dès lors au champ artistique… Lady Clementina Hawarden,
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dans toute son œuvre picturale, usa à l’envi du thème récurrent de la psyché se refusant à la révélation de ses propriétés.  Mon autre moi-même, Lewis Carroll fut tenté d’utiliser la fillette Alice comme sujet d’expérience, succédané de ses propres fantasmes. Il avait à l'esprit un nouveau projet de roman dans lequel Alice franchirait non pas le miroir, mais une face autre, une « inter…face », une interface – le mot est plaisant, ma foi – un échange entre deux mondes qui n’étaient pas faits pour se rencontrer. 
- Et c’est pourquoi j’estime être la seule Alice légitime, par mes mésaventures vécues jadis à travers le miroir. Sophie Germain, Lady Ada, Lady Clementina, en leur quête stérile, souffrant sans doute de frénésie, s’usèrent à la tâche jusqu’à la consomption.
- Et vous allez me ressortir les origines de votre aliénation.
- Je ne suis point une aliénée. Je n’ai rien de commun avec les patients de Bedlam, de Charenton ou La Salpêtrière. Autrefois, on m’aurait envoyée à la clinique du docteur Blanche. Le comte d’Indy,
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 que je rencontrai en 1877, l’envisagea… De même le peintre Fantin-Latour, chez qui je séjournais brièvement.
- C’est pourtant là qu’est votre place, lui rétorqua durement Sir Charles.
- Mais le baron Kulm s’y était opposé. On ne pouvait interner l’Elue.
- Madame vous me faites rire. Le baron Kulm vous manipula. Il exploita votre folie afin de parvenir à ses fins. Je l’ai rencontré, puis j’ai enquêté sur lui. Kulm était un nom d’emprunt.
- Vous me ressortez le conte de l’effrayant calmar.
- Kulm – dois-je l’appeler par son véritable nom ? – et vous, avez un ennemi commun : Daniel Wu. Votre propension à l’imaginaire aurait dû vous faire ressentir les modifications subies par notre environnement. Cela date d’il y a à peine quelques heures.
- J’étais en un ailleurs où un dieu-ours déchu, en décomposition, sévissait. 
- Est-ce bien tout, Madame ?
- Je ne sais pourquoi, le cœur m’a poigné. J’ai compris alors que le général Boulanger, ce héros si vilipendé, avait échoué là-bas, en Afrique.
- Il était évident que le sieur Daniel Wu allait se mêler de votre projet et le contrecarrer. Kulm en était conscient. Sous sa véritable identité, celle de colonel Kraksis, il m’a révélé qu’il s’était déjà retrouvé confronté audit commandant Wu des dizaines de fois. Leurs affrontements avaient pour arène non pas simplement la Terre mais la galaxie tout entière.
- Ah ! Ah ! Maintenant, c’est vous, Sir Charles, qui délirez.
- Ah, pourtant, depuis tantôt, j’ai l’intime conviction que l’expédition africaine n’a jamais eu lieu. Une chimère non concrétisée. La presse française me donnera raison, vous le verrez bientôt.
Bien évidemment, Sir Charles Merritt ignorait tout encore du duel entre Georges Boulanger et Charles Floquet. De même, un incident supplémentaire tout autant révélateur s’était produit dans les coulisses du musée Grévin. Arthur Meyer,
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 patron du Gaulois et cofondateur de cette attraction fort courue, avait assisté à la désagrégation de la statue de cire du Brav’Général qu’il s’apprêtait à faire installer en la fameuse salle des colonnes consacrée à l’actualité. Or, la reproduction du militaire arborait justement l’uniforme rutilant de la coloniale. Meyer n’avait pas compris ce qui s’était passé mais son esprit avait été vite remodelé.
- A supposer que vous disiez vrai, que me faut-il faire désormais ? interrogea la baronne.
- Tout d’abord agir en homme. Avoir le courage d’affronter face à face cet insaisissable fucking man.
- Soit, Monsieur. Avec quelle arme ?
- Mais voyons, votre chevalière. N’êtes-vous pas investie du Pouvoir de la Grande Prêtresse ?
Sir Charles usait d’un ton ironique qui blessait profondément Aurore-Marie.
- Entendu, Monsieur le baronnet. Ensuite ?
- Vous l’attirez dans vos rets par un tour de votre façon.
- Oh, je sais comment ! Lui présenter le cadavre de Frédéric Tellier. Mais voilà, il est présentement au fond de la Lagune.
- Un cadavre, cela se fabrique. Maintenant, envisagez le messager.
- Faut-il qu’il soit humain ? Alexandre, mon cacatoès ferait l’affaire.
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- Pourquoi pas ? Cela a de l’allure.
- Mais j’aurais besoin de renforts. On ne s’attaque pas à Daniel Wu impunément. Il est plus que ce qu’il en laisse paraître. Vient-il lui aussi du miroir ?
- S’il s’oppose à nous, c’est parce que notre essence est contraire à la sienne.
- Qu’affirmez-vous là ? Vous sous-entendez que nous recelons une part de cette information négative de l’outre-monde.
- Le terme d’infra-sombre me paraît plus approprié. En nous perdure le résidu de mon mentor Galeazzo di Fabbrini mais aussi autre chose d’encore bien plus noir.
- La trace de griffe sur le codex désormais entre vos mains, le tarsier que j’entrevis en la psyché auprès de mon double, acquiesça Aurore-Marie.
- Apprenez, Madame, que l’atome ne demeurera pas toujours insécable. Kulm le savait. Il était l’initiateur de vos projets.
- Je n’en ai plus aucun souvenir. Pourquoi en conservez-vous quelques traces ? s’étonna la baronne.
- Le plan de Kulm avait cinquante ans d’avance au bas mot. C’est pour cela que Daniel Wu est intervenu. Il est une sorte de gardien du temps, un préservateur de la continuité logique des événements.
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A suivre...