Décontenancés par la mort de
leur maître, les ramapithèques se concertaient afin de savoir le sort qu’ils
devaient réserver à Madame de Saint-Aubain. Leurs grognements reflétaient
stupeur, peur et rage. Quelques-uns poussaient des cris plaintifs, lugubres,
apparentés aux chants solitaires des siamangs et hylobates Lar.
Aurore-Marie souffrait d’un effroi irraisonné à l’encontre de toutes les créatures à fourrure. Aussi n’attendit-elle pas que les singes de Rama achevassent leur conciliabule pour prendre les jambes à son cou. Point dupes, les anthropoïdes préhistoriques s’aperçurent rapidement de la fuite de leur victime potentielle. Aussitôt, ils la prirent en chasse avec dans leurs yeux une satisfaction cruelle.
Aurore-Marie souffrait d’un effroi irraisonné à l’encontre de toutes les créatures à fourrure. Aussi n’attendit-elle pas que les singes de Rama achevassent leur conciliabule pour prendre les jambes à son cou. Point dupes, les anthropoïdes préhistoriques s’aperçurent rapidement de la fuite de leur victime potentielle. Aussitôt, ils la prirent en chasse avec dans leurs yeux une satisfaction cruelle.
Une poursuite démentielle,
farouche, irrationnelle, débuta alors au sein d’un souterrain métamorphosé en
aberration dédaléenne. La baronne de Lacroix-Laval se souvint à propos qu’elle
était armée. Elle sortit son Derringer de
son réticule et tira au jugé sur le singe de tête. La bête éclata en
éclaboussures immondes et la harde vociférant se rua avec plus de rapidité
encore sur cette manne dont elle se reput à la hâte, maculant gueules, crocs et
babines de chair et de sang. Comme nous le constatons, l’éthologie de ces
pongidés était en contradiction flagrante avec leur descendance l’orang-outan.
Nous savons celui-ci pacifique et réfléchi, en aucun cas cannibale, mais là,
nous avons affaire à des super prédateurs déterminés.
Après cette pause dînatoire, la
chasse reprit de plus belle, redoublant de vitesse. Les ramapithèques
éructaient, bondissaient, plus acharnés que jamais à faire de Madame de
Saint-Aubain de la charpie, entre autres horreurs. Pour aller plus vite encore,
les créatures sautaient sur les parois, couraient sur les murs et les plafonds
telles des araignées à quatre pattes. Aurore-Marie était-elle donc
perdue ? Confrontés à des Morlochs, ces êtres les auraient battus à plate
couture.
Cependant, la baronne ne cédait
pas à sa terreur panique, ayant le courage de gravir à plusieurs reprises des
échelons afin de changer de niveau. Toutefois, l’obstacle dérisoire n’arrêta
pas les singes. Les parois se métamorphosaient en de curieux damiers difformes
invaginés, rubans de Moebius,
bouteilles de Leyde, tores, fragments d’espaces de Poincaré, etc.
Ainsi, un moment, Aurore-Marie se surprit à courir, emprisonnée dans un cage d’écureuil constituée de tomettes noires et blanches qui chacune s’alourdissait au fur et à mesure d’un ajout à progression mathématique puis géométrique et exponentielle de grains de blé dont la quantité alla jusqu’à la puissance 32. Sans le savoir vraiment, la baronne se retrouvait dans l’esprit de l’Expérimentateur qui raisonnait ici avec une froideur toute scientifique non empreinte cependant d’une certaine poésie horrifique.
bouteilles de Leyde, tores, fragments d’espaces de Poincaré, etc.
Ainsi, un moment, Aurore-Marie se surprit à courir, emprisonnée dans un cage d’écureuil constituée de tomettes noires et blanches qui chacune s’alourdissait au fur et à mesure d’un ajout à progression mathématique puis géométrique et exponentielle de grains de blé dont la quantité alla jusqu’à la puissance 32. Sans le savoir vraiment, la baronne se retrouvait dans l’esprit de l’Expérimentateur qui raisonnait ici avec une froideur toute scientifique non empreinte cependant d’une certaine poésie horrifique.
La cage piège finit par
s’éparpiller en un miroitement multicolore de vignettes triangulaires gommées
qui s’en vinrent composer des collages de toute beauté à la manière de Matisse.
Cependant, nos simiens aux gueules sanguinolentes n’avaient pas abandonné leur chasse. Or, les voilà soudain avalés par une singularité s’apparentant au paradoxe de Zénon d’Elée.
Ainsi, ils avaient beau, en apparence, réduire la distance les séparant d’Aurore-Marie, mais jamais ils ne parvenaient à la rattraper. Celle-ci se réduisait pourtant de moitié en moitié toujours davantage infinitésimale sans que l’écart fût dépassé, micron, demi micron, quart de micron, huitième de micron, seizième de micron… Ils achevèrent de se dissoudre dans cette boucle de néant. L’écho des fauves lui-même s’atténua, avant de se désagréger dans un silence oppressant qui assourdit les oreilles d’Aurore-Marie.
Cependant, nos simiens aux gueules sanguinolentes n’avaient pas abandonné leur chasse. Or, les voilà soudain avalés par une singularité s’apparentant au paradoxe de Zénon d’Elée.
Ainsi, ils avaient beau, en apparence, réduire la distance les séparant d’Aurore-Marie, mais jamais ils ne parvenaient à la rattraper. Celle-ci se réduisait pourtant de moitié en moitié toujours davantage infinitésimale sans que l’écart fût dépassé, micron, demi micron, quart de micron, huitième de micron, seizième de micron… Ils achevèrent de se dissoudre dans cette boucle de néant. L’écho des fauves lui-même s’atténua, avant de se désagréger dans un silence oppressant qui assourdit les oreilles d’Aurore-Marie.
Maintenant, débarrassée de ces
maudits simiens, la baronne se retrouvait à parcourir un labyrinthe dont les
murailles avaient été fabriquées à partir de posidonies, de corail, d’écailles
de machaon, de laques japonais,
d’ailes de libellules – c’était là une réminiscence des corridors du palais de Fu le Suprême, la preuve tangible que Dan El était au moins aussi ténébreux que lui, si ce n’était pas lui – d’os de seiches, de pouzzolane, d’aigue-marine, d’ambre, d’opale, de nacre de nautiles, etc. On y observait aussi une succession de fresques bouddhiques, ubiquistes puisque peintes de tout côté, en chacune des trois dimensions euclidiennes, jusqu’à occuper la voûte de la galerie, peintures plus ou moins altérées par les injures impitoyables des siècles, bien que le culte du Gautama impliquât qu’on dût les restaurer afin d’en assurer la permanence mémorielle.
Dépigmentées, énigmatiques, rendues indéchiffrables par leur effacement presque accompli (parfois n’en subsistaient que des éléments vestigiaux, des fragments de crépi), on aurait pu croire qu’il s’agissait là d’une transposition asiatique de la partie « fresques médiévales » de l’ancien Musée des Monuments français.
d’ailes de libellules – c’était là une réminiscence des corridors du palais de Fu le Suprême, la preuve tangible que Dan El était au moins aussi ténébreux que lui, si ce n’était pas lui – d’os de seiches, de pouzzolane, d’aigue-marine, d’ambre, d’opale, de nacre de nautiles, etc. On y observait aussi une succession de fresques bouddhiques, ubiquistes puisque peintes de tout côté, en chacune des trois dimensions euclidiennes, jusqu’à occuper la voûte de la galerie, peintures plus ou moins altérées par les injures impitoyables des siècles, bien que le culte du Gautama impliquât qu’on dût les restaurer afin d’en assurer la permanence mémorielle.
Dépigmentées, énigmatiques, rendues indéchiffrables par leur effacement presque accompli (parfois n’en subsistaient que des éléments vestigiaux, des fragments de crépi), on aurait pu croire qu’il s’agissait là d’une transposition asiatique de la partie « fresques médiévales » de l’ancien Musée des Monuments français.
De temps à autre, les oreilles de
la jeune femme percevaient des bruits de galopade de pattes de quelques
quadrupèdes qu’elle supposait être des rats mais d’une taille disproportionnée
sans que jamais aucun des rongeurs ne la rejoignît toutefois. C’était comme
s’ils couraient parallèlement à elle, d’un autre côté des murailles, d’autant
plus que le labyrinthe ne cessait de se reconfigurer comme si des segments
entiers tournaient sur eux-mêmes ou basculaient dans une autre position,
rappelant ainsi ce jeu en fureur dans les années 1980, les cubes de Rubik. Vu
du ciel, si ciel il y eût eu, le dédale serait apparu sous une forme mi cubique
mi pyramidale, composé également de tours, de clochetons, d’escaliers à double
vis, facétie de Daniel dont le jeune âge ressortait ici plus que jamais. Ce schéma
avait été plus ou moins suggéré à Dan El par maestro Leonardo dans la cité souterraine à la suite d’une fête
mémorable que l’Italien génial avait présidée. Notre ingénieur de la
Renaissance avait caressé le projet de construire à la gloire de François
Premier non pas le Chambord que nous connaissons mais un château différent,
mécanique, mobile, modelable et transformable ad libitum à partir d’un axe central autour du donjon au double
escalier à vis. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler un jour et de voir
cette édification en action.
Aurore-Marie s’épuisait peu à
peu dans cette course apparemment sans fin ; elle haletait et titubait,
n’étant pas entraînée à fuir ainsi sur la longue durée. Ses poumons la
brûlaient. Une légère hémoptysie macula son corsage déjà malmené. Lors, elle
perçut un bruit de bottes en provenance de la gauche. Ces claquements se
répercutaient en écho provoquant chez elle des bouffées d’angoisse car la jeune
femme se demandait à quel nouveau phénomène effrayant elle allait être
confrontée. Lorsque la paire se décida enfin à apparaître, aucun être humain ne
la complétait. Etait-ce à dire que lesdites bottes se mouvaient par
elles-seules ? Leur cuir noir ne reflétait que le néant. La réalité
bascula – si réalité il y avait – encore une fois. Madame se retrouva nue,
décharnée, la cicatrice de la césarienne de Lise, une cicatrice si haïe dans
son obscénité, visible à la concupiscence d’une soldatesque du futur. Son ouïe
perçut des ordres hurlés en allemand : exterminieren !
exterminieren ! proférés par une voix connue.
*****
Après que le vitriol l’eut
éclaboussée sans aucun dommage, Violetta fulmina de colère à l’encontre d’une
Deanna Shirley toute échevelée. Espérons que les lecteurs n’ont pas oublié ses
dons de quart de métamorphe. Elle en usa avec une telle maestria que même Ufo,
effrayé, s’en fut se réfugier sous un bonheur du jour. Ce qui se dressa sur ses
ergots devant une Deanna pantoise s’appelait un Kâak.
Ces créatures du dieu Kâarl avaient le don de pondre des œufs gigantesques qui, bien mûris, entraient dans la composition de la boisson nationale des Kronkos, le fameux Chtugang, à déconseiller aux estomacs délicats. Jamais la Britannique n’avait croisé le chemin d’une telle monstruosité qui dépassait haut la main la terreur inspirée par les Gastornis que Saturnin avait dû plus ou moins affronter il y avait peu. Ce compromis avec le T-Rex et l’émeu – devrait-on plutôt écrire le Moa ? – hérissait ses aigrettes aux pointes enduites d’un venin mortel en signe de sa colère tumultueuse et impossible à endiguer.
Ces créatures du dieu Kâarl avaient le don de pondre des œufs gigantesques qui, bien mûris, entraient dans la composition de la boisson nationale des Kronkos, le fameux Chtugang, à déconseiller aux estomacs délicats. Jamais la Britannique n’avait croisé le chemin d’une telle monstruosité qui dépassait haut la main la terreur inspirée par les Gastornis que Saturnin avait dû plus ou moins affronter il y avait peu. Ce compromis avec le T-Rex et l’émeu – devrait-on plutôt écrire le Moa ? – hérissait ses aigrettes aux pointes enduites d’un venin mortel en signe de sa colère tumultueuse et impossible à endiguer.
Daniel Lin laissa Deanna Shirley
se débrouiller, espérant que le succédané de Violetta saurait se montrer
clément. Or, notre volatile, s’acharnant, poursuivit la starlette dans tout le
salon, entraînant une panique tapageuse et des dégâts conséquents que la mère
maquerelle porterait sur la note de ses pensionnaires. Ce qu’elle redoutait le
plus, c’était une descente de police des sergots.
Le Préservateur entendit alors
des sanglots qui parvenaient à traverser plusieurs épaisseurs de murs. L’inconnue
auteure de ces gémissements était, sans nul doute, une toute jeune fille.
Daniel n’avait pas en tête le plan de ce bordel imaginaire. Pourtant, il
s’agissait bien là d’un palais mental, un palais de mémoire recréé, le monde
fantasmé d’Aurore-Marie mais vu par Dan El. Consciente que sa vie serait brève,
la poétesse redoutait la Mort, une mort qu’elle envisageait comme le châtiment
de la pesée du cœur par Anubis,
le monstre de l’Amenti, Ammout, un mélange de léopard, de crocodile et d’hippopotame, destiné à dévorer le pécheur dont le cœur était plus lourd que la plume de Maât.
le monstre de l’Amenti, Ammout, un mélange de léopard, de crocodile et d’hippopotame, destiné à dévorer le pécheur dont le cœur était plus lourd que la plume de Maât.
Une allégorie gémellaire des
fins dernières se proposa pour guider l’Expérimentateur. Squelette double,
drapé dans son suaire grisâtre, effiloché, partant en poussière, conforme à
l’imagerie médiévale mais également bretonne, faux bien en évidence.
Seul le cheval pâle et décharné manquait à l’appel. Le doppelganger de Dame la Mort choisit de traverser la muraille,
mais Daniel préféra emboiter le pas de l’alter ego plutôt que de jouer au fantôme. Il accompagna donc le spectre à travers une enfilade de pièces toutes plus incroyables au fur et à mesure de l’avancée. L’ombre laissait derrière elle un sillage de miasmes et d’humeurs putrides. Le Ying Lung arpenta un instant une bibliothèque dont les rayonnages s’incurvaient ; la littérature qui s’y entassait sans que quiconque la lût, était à la semblance des goûts scabreux d’un bibliophile décadent fin de siècle. Les reliures en cuir maroquiné de Russie, verdâtres, luminescentes, poissaient et suintaient de laudanum et d’éther. Un seul titre retint l’attention du commandant Wu, le chevalier Organt dont l’auteur n’était autre que Louis-Antoine de Saint-Just.
Le dos de chaque ouvrage était marqué d’armes à enquerre et d’un lambel. Les noms des propriétaires de cet « enfer » s’avéraient mi fictifs mi réels : Lord Percy Sanders, qu’il est inutile de présenter une fois encore, et Elémir de la Bonnemaison, un des protagonistes clé du Trottin.
Seul le cheval pâle et décharné manquait à l’appel. Le doppelganger de Dame la Mort choisit de traverser la muraille,
mais Daniel préféra emboiter le pas de l’alter ego plutôt que de jouer au fantôme. Il accompagna donc le spectre à travers une enfilade de pièces toutes plus incroyables au fur et à mesure de l’avancée. L’ombre laissait derrière elle un sillage de miasmes et d’humeurs putrides. Le Ying Lung arpenta un instant une bibliothèque dont les rayonnages s’incurvaient ; la littérature qui s’y entassait sans que quiconque la lût, était à la semblance des goûts scabreux d’un bibliophile décadent fin de siècle. Les reliures en cuir maroquiné de Russie, verdâtres, luminescentes, poissaient et suintaient de laudanum et d’éther. Un seul titre retint l’attention du commandant Wu, le chevalier Organt dont l’auteur n’était autre que Louis-Antoine de Saint-Just.
Le dos de chaque ouvrage était marqué d’armes à enquerre et d’un lambel. Les noms des propriétaires de cet « enfer » s’avéraient mi fictifs mi réels : Lord Percy Sanders, qu’il est inutile de présenter une fois encore, et Elémir de la Bonnemaison, un des protagonistes clé du Trottin.
Le Superviseur longea un nouveau
salon, cette fois-ci, sur sa droite. Son regard ne s’attarda pas au spectacle
vampirique et peu ragoûtant qui était donné au profit d’un groupe de messieurs
comme il faut, extasiés devant tant de stupre et de déviance. Ainsi, des
jumelles siamoises barbotaient dans un baquet de sang humain au grand plaisir
de ces êtres avides de sensations fortes. Dan El se sentait quelque peu
coupable devant une telle scène. N’avait-il pas obligé son double, son frère à
endosser les oripeaux d’un vampire soi-disant créé par les Haäns ?
Néanmoins, on devinait dans cette horreur la patte perverse de Madame la
baronne.
Nos impubères goules, forcément
dénudées, c’était tout juste si elles frisaient les treize ans révolus,
portaient les prénoms précieux de Daphné et Phoebe. Leur teint cadavérique,
évanescent et chlorotique témoignait de la maladie de langueur aristocratique
qui les rongeait. Un curieux cordon ombilical les raccordait dans lequel
allaient et venaient des têtards aux têtes hypertrophiées. De temps à autre,
nos deux sœurs lamies ou empuses, coiffées de longs cheveux d’un blond paille,
s’abreuvaient avec délice de louchées de ce sang qui, peu à peu, coagulait. Une
odeur entêtante, écœurante, fade et métallique s’exhalait du salon.
Daniel Lin parvint enfin à une
antichambre et la Mort s’évapora non sans qu’en subsistât un ténu bourdonnement
de mouches. Emilienne Ermont y officiait ; notre soubrette époussetait des
bibelots avec un plumeau, en brisant un sur deux de ces objets. Moustiers,
porcelaines Ming et de Sèvres, vases Millefleurs, céladons Song, Saxes, Wedgwood,
achevaient leur existence morne en bris multiples sur les lourds et moelleux tapis de Perse. A chaque babiole cassée, la domestique répondait par un euh… euh…penaud. Ce qui tendait les nerfs de Dan El, c’était le fait absurde et déplacé que E.E remuait son postérieur orné de sa queue de lapin.
porcelaines Ming et de Sèvres, vases Millefleurs, céladons Song, Saxes, Wedgwood,
achevaient leur existence morne en bris multiples sur les lourds et moelleux tapis de Perse. A chaque babiole cassée, la domestique répondait par un euh… euh…penaud. Ce qui tendait les nerfs de Dan El, c’était le fait absurde et déplacé que E.E remuait son postérieur orné de sa queue de lapin.
Dans cette antichambre aux
sombres boiseries, il n’y avait pas que des porcelaines et des faïences. Une
singulière collection d’histoire naturelle, composée de squelettes et de
cadavres divers, avait trouvé un lieu de repos. Une loupe d’horloger dans l’œil
droit, l’espionne examina les jointures des dépouilles, particulièrement celle
d’un superbe spécimen complet de K’Tou,
remontant au minimum à soixante mille années. La mâchoire puissante du squelette au jeu complet de molaires conservait, çà et là, des restes racornis de chair, ce qui déplut fortement à notre agent. Heureusement pour elle, une cuve, un autoclave apparut. Alors, la fausse soubrette s’empressa de balancer pêle-mêle les ossements et les lambeaux de chair des cadavres qui ornaient la pièce. Le K’Tou, un Gigantopithèque, une hure de Marnousien fraîchement décapité, encore dégouttant de sang, le cadavre de Louis XIV, en décomposition, au visage noirci par la gangrène, et, enfin, cerise sur le gâteau, la classique momie Inca, tout y passa ou presque dans cette cuve. Des hublots permettaient d’observer ce qui s’y déroulait. Spectacle peur ragoûtant, une macération accélérée était en cours, accompagnée de bruits de trituration produits par des scarabées noirs nécrophages faisant bombance, des dermestidés
comme les auraient appelés un entomologiste. E.E. remarqua enfin la présence de Daniel Lin. Elle lui jeta, de sa voix traînante :
remontant au minimum à soixante mille années. La mâchoire puissante du squelette au jeu complet de molaires conservait, çà et là, des restes racornis de chair, ce qui déplut fortement à notre agent. Heureusement pour elle, une cuve, un autoclave apparut. Alors, la fausse soubrette s’empressa de balancer pêle-mêle les ossements et les lambeaux de chair des cadavres qui ornaient la pièce. Le K’Tou, un Gigantopithèque, une hure de Marnousien fraîchement décapité, encore dégouttant de sang, le cadavre de Louis XIV, en décomposition, au visage noirci par la gangrène, et, enfin, cerise sur le gâteau, la classique momie Inca, tout y passa ou presque dans cette cuve. Des hublots permettaient d’observer ce qui s’y déroulait. Spectacle peur ragoûtant, une macération accélérée était en cours, accompagnée de bruits de trituration produits par des scarabées noirs nécrophages faisant bombance, des dermestidés
comme les auraient appelés un entomologiste. E.E. remarqua enfin la présence de Daniel Lin. Elle lui jeta, de sa voix traînante :
- Madame vous attend.
Cependant, les sanglots avaient
redoublé d’intensité. L’espionne ouvrit la porte d’une chambre. Sur un grand
lit à ciel, une toute jeune adolescente, aux longs cheveux de miel et de
cendres, engoncée dans une robe de deuil à la tournure étrécie, s’éplorait dans
les bras d’une adulte dont les traits témoignaient qu’il s’agissait de sa mère.
La jeune fille criait :
- Maman, pardonnez-moi. J’ai
assassiné Marie d’Aurore…
A suivre...
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