vendredi 15 août 2014

Cybercolonial 1ere partie : Belles Lettres d'une Rose méconnue chapitre 1 4e partie.



Ce soir-là, la séance exceptionnelle du Conseil durait plus que d’habitude. Les douze membres, élus pour une année, dont le mandat ne pouvait être renouvelé qu’après un intervalle de cinq législatures, siégeaient depuis leurs places aménagées, leurs fauteuils conçus en fonction de leurs biotopes naturels. En effet, le Conseil n’était pas exclusivement composé d’humains ou humanoïdes. L’égalité ou du moins l’équité était respectée au sein des plus hautes instances décisionnelles de l’Agartha. Le décor donnait dans le sobre, le dépouillé même, des panneaux de bois clair alternant avec des lattes plus foncées de manière à dessiner des formes géométriques simples, triangles la pointe en haut ou en bas, carrés et losanges. Seul un tableau de prix, signé d’un des plus grands maîtres de la peinture indiquait que la Cité était riche et prospère bien que la monnaie fiduciaire ou pas ne circulât point dans l’Agartha. Elle était inutile ici!
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Il y avait donc Lobsang Jacinto qui présidait en tant que doyen, Albriss, le vice-président, l’Hellados déjà entraperçu chez Daniel Lin, Tenzin Musuweni, bouddhiste comme son maître Amérindien qui remplaçait Frédéric Tellier, empêché, l’Italien Malipiero, toujours revêche et peu aimable, son compère Mani Aniang, presque du même âge que Jacinto, Velias, la Castorii d’une beauté à couper le souffle, mais dissimulée par de nombreux voiles, ( son surnom s’était imposée à cause de ses habitudes vestimentaires et avait fini par occulter son véritable nom, de toute manière imprononçable par des palais humains), Fingaria, la félinoïde qui se limait les griffes d’une façon ostentatoire, le professeur médusoïde Schlffpt, dans son aquarium portatif, flottant de ci de là, fort à l’aise, Kontiko, toujours absorbé par des formules mathématiques absconses dont le sens échappait la plupart du temps au commun des mortels, un Marnousien de la caste des Intellectuels, qui appréciait particulièrement la compagnie du Superviseur général lors de ses entretiens hebdomadaires avec ce dernier, Toison bouclée, une femelle ovinoïde des plus placides, un peu effrayée d’être assise aux côtés de Kirui, la dinosauroïde, pourtant pacifique et végétarienne, promise au mariage mais qui avait opté, au grand dam de son clan, pour le célibat et les sciences, et le jeune et spontané lycanthrope Kaarsch dont la présence pouvait étonner au sein de cette si docte assemblée. Cependant, ledit Kaarsch n’était point sot et se montrait fort capable. Souventefois, il avait su imposer son avis, plein de bon sens et loin de tout préjugé!
Adonc, le débat se traînait, l’unanimité étant difficile à obtenir. Mani Aniang s’opposait vertement à une nouvelle expédition qui verrait le Superviseur général s’absenter de la Cité.
- Je ne vois pas en quoi la présence du commandant Wu peut faire la différence! Lança-t-il aigrement après plusieurs minutes de quasi monologue.
- Justement! Rétorqua son ami Malipiero. Le Superviseur est mille fois plus utile ici!
- Il me semble que des tâches administratives ne sont pas forcément ce qui lui convient le mieux, fit remarquer Albriss.
- Le commandant Wu est loin de se complaire au dépouillement et au classement de nos décisions! Objecta avec propos Kontiko. Oubliez-vous donc qu’il lui arrive plus souvent qu’à son tour de donner un coup de main et de réparer des installations défectueuses?
- Donc, tout comme moi, revint à la charge Mani Aniang vous estimez que la place de ce Daniel Lin est à l’Agartha et non pas dans cette espèce de Luna Park qu’est la planète Terre du XIXe siècle!
- Ce n’est pas cela que je sous-entendais! Répliqua le Marnousien, son groin frémissant d’une colère rentrée. La Cité peut se passer de lui quelques temps! Elle n’en mourra pas!
- Ah! Mais si une urgence survenait? Siffla Malipiero.
- Le Superviseur n’est pas le seul ingénieur de notre communauté! Rappela avec raison Kaarsch.
- Exactement, compléta Albriss. Nous avons la chance d’avoir Thomas Kenneth Anderson, Andrew Lane, Septimanus, Kiir, et bien d’autres à nos côtés, du même niveau de qualification…
- Tiens, ronronna la félinoïde, vous avez omis de vous citer ainsi que Spénéloss, Stamon et Trabinor! Tous Helladoï, comme par hasard. Votre humilité pourrait être perçue par certains comme de l’outrecuidance…
Et les yeux jaunes de Fingaria luisirent d’amusement en se portant sur Mani Aniang.
Lobsang Jacinto retenait à grand peine un bâillement Il était près de deux heures du matin et il lui tardait de gagner sa couche. Cela faisait près de vingt heures qu’il n’avait pas pris de repos et il trouvait que, décidément, ni Mani Aniang ni Malipiero n’auraient dû être élus! Chaque débat tournait pratiquement à l’affrontement et il était de plus en plus difficile d’obtenir l’unanimité dans les décisions vitales. Muzuweni, qui s’était tu depuis une bonne trentaine de minutes, reprit à haute voix, le ton chargé de reproches. 
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- Mesdames et messieurs, nous ne pouvons nous permettre de repousser le vote plus longtemps! Officions!
- Oui, c’est cela! Bêla Toison bouclée. Que je sache, l’unanimité n’est pas obligatoire lorsque la Cité n’est pas directement impliquée par nos décisions!
- L’article 49, alinéa 25, le stipule, en effet, rappela la dinosauroïde avec un grondement sourd, dénotant et sa fatigue et son mécontentement.
- Passons au vote, donc! Se résigna Malipiero.
Une urne en forme d’amphore passa de main en main, de patte en patte, de tentacule en tentacule. Chacun des participants glissait une boule d’acier dans le réceptacle aux parois occultées. Cette bille était teinte en noir pour le non, en blanc pour le oui. Cette formalité accomplie, il revint à Velias, après accord tacite de tous, de procéder au dépouillement. Comme attendu, le résultat fut de dix voix en faveur de l’expédition commandée par le daryl androïde Daniel Wu et de deux contre.
- La majorité requise étant obtenue, je conclus donc que le Superviseur conduira la mission pour le passé de la Terre, en 1888, déclara solennellement Lobsang Jacinto, quelque peu soulagé, de pouvoir enfin se reposer.
- Une minute! S’écria Mani Aniang.
- Quoi encore! Feula Fingaria.
- Qui sera son second? Reprit Malipiero.
- Oui… qui commandera en second? Quelqu’un qui a de l’expérience, qui tempèrera notre Daniel Lin.
- Là, vous avez raison, humain, souffla Kontiko. J’opte pour Spénéloss!
- Ah! Pas d’accord! Je vote pour Craddock! Gronda Kirui.
- Le capitaine? S’il a un coup dans l’aile, alors, la mission va se solder par un échec! Jeta perfidement Mani Aniang.
- Stop! Murmura Tenzin Musuweni. Benjamin Sitruk a bourlingué presque autant et aussi loin que le Loup de l’espace! Approuvez-vous sa nomination officielle en tant que commandant adjoint de l’expédition?
- C’est à voir, commença Velias.
- Non, je vote pour cet humain, trancha l’Hellados. Il est calme, réfléchi et a prouvé maintes fois qu’il prenait les bonnes décisions!
- Ah! Si notre Hellados de service vote en sa faveur, je suis! Dit la Castorii en souriant derrière ses voiles.
- Je fais de même, ajouta le lycanthrope. 
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- Et moi itou! Compléta Malipiero, regardant son compère avec insistance.
- Je donne ma voix au Canadien! Renchérit Schlffpt mentalement. 
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En quelques secondes, Benjamin se retrouva donc désigné comme commandant en second. Il avait obtenu l’unanimité, au contraire de son supérieur.
Lobsang Jacinto fut le dernier à quitter la salle du Conseil. Faisant glisser les portes coulissantes, il jeta un œil sur le tableau de Picasso, «  Guernica » et soupira. 
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«  Préservateur, as-tu bien raison de vouloir à tout prix nous protéger? Nous n’en valons pas la peine! ».
Sur ce, il partit emprunter l’ascenseur, s’appuyant sur son bâton de Sagesse.
Apparemment, le Superviseur en chef de la Cité avait capté la dernière pensée de son ami; il lui répondit et sa voix franchit l’espace et les niveaux:
- Maître très Précieux, j’ai certes un faible pour vos semblables et assimilés, mais j’ai bien raison. Ce tableau sur lequel votre regard s’est posé en est la preuve!
- De quoi? De notre propension à apporter la mort partout où nous sommes?
- Non, la preuve que l’humanité a du génie et crée des merveilles!
La voix désincarnée finit dans un murmure.
- Je vous aime, tous, dans votre diversité, vos erreurs, vos inventions, votre opiniâtreté. Jamais vous ne renoncez! Ainsi, vous me donnez la leçon. Merci!
- Daniel Lin, vous n’êtes pas difficile!
L’Amérindien, après avoir lancé cette pique marcha lentement jusqu’à chez lui. Une douce pénombre régnait dans les corridors de la cité, à peine éclairés par une lumière orangée diffusée par un liquide bionique. Le silence revint et, avec lui, une nouvelle altération de ce qui était.

***************

 Le soir artificiel tombait, c’était l’heure exquise où les jeunes mères de l’Agartha s’attardaient avec leurs progénitures, se promenant dans les diverses places et patios qu’offrait ce havre de paix. Les fontaines parfumées de mille senteurs glougloutaient d’une manière agréable et discrète, les arbres bruissaient paisiblement sous le souffle d’un doux zéphyr à peine perceptible, les rossignols et autres oiseaux chanteurs faisaient entendre leurs trilles et mélodies, les ombres prenaient forme et les bambins riaient aux éclats, heureux de vivre dans ces lieux privilégiés. Bref tout semblait aller pour le mieux. Quiétude trompeuse, ô combien!
La placette donnait sur une arrière-cour aménagée en salon de musique ouvert à tous. Le Maître cantor Johann Sebastian  s’était particulièrement occupé de la décoration. Ainsi, dans un fouillis végétal des plus charmants, s’offraient à la vue des hautbois et clarinettes anciens, des flûtes de pan ou traversières authentiques, quelques clavicordes ou clavecins datant des XVIIe et XVIIIe siècles, des violes de gambes, des violons, des cors et des bassons. Il ne fallait pas oublier non plus des cymbales, des timbales, des triangles et des orgues portatifs. Quelques partitions savamment disposées permettaient également aux musiciens amateurs d’exercer leurs talents en déchiffrant des arias, des études, des sonates, des gigues et des menuets. Le morceau le plus couru était le célèbre menuet de Boccherini, une scie aux oreilles chatouilleuses de Bach! 
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Or, tandis que Gwenaëlle et Louise devisaient, échangeant quelques conseils, que Veronica donnait le sein à la fille de Denis, un incident frappa de stupeur tous ceux qui le virent! Inexplicablement, le délicieux salon disparut pour laisser la place à une sombre courette anonyme, entourée de murs de brique rouge, où, dans un recoin on pouvait deviner quelques poubelles dégorgeant leur contenu nauséabond!
- Mein Gott! S’écria Veronica. Was ist das? Das ist unmöglich! Der Teufel oder…
Devant le regard courroucé du Cantor, la jeune femme cessa et recouvrit son sein dont la peau laiteuse dénonçait qu’elle n’allait pas souvent au soleil. Aussitôt, l’enfançon se mit à brailler, manifestement pas encore repu!
- Stefano, ruhe! Fit la blonde Autrichienne.
- Ein andere… marmonna Johann Sebastian dans sa barbe.
Le compositeur était fâché. D’un geste brusque, au grand dam de ces dames, il arracha sa longue perruque à la Voltaire et la piétina! Puis, d’un pas aussi vif que lui permettaient et son âge vénérable et sa corpulence qui ne l’était pas moins, ils se dirigea vers ce qu’il pensait être l’issue de cette courette si peu poétique! Gwenaëlle, à son départ, lança à Louise:
-  Je suis certaine qu’il va aller se plaindre à mon maître Daniel Lin! Comme s’il était responsable!
- Certes, mais toutes ces disparitions commencent à devenir gênantes, non?
- Aucun être vivant ne s’est encore effacé, Louise! Le risque n’est pas aussi grand que beaucoup le croient!
- L’expédition à laquelle mon époux Gaston doit participer est liée à ces incidents…
- Oui, c’est pour en connaître la cause que mon Maître a décidé de la monter!
- Cela ne vous enchante guère…
- Le sacrifice demandé est grand…
- Le sacrifice? Quel sacrifice?
- Je ne sais pas! Répondit abruptement la Celte en mentant. Hop, Bart, à la maison!
Sans un au revoir, Gwen fit demi-tour, tenant l’enfant dans ses bras, poussant devant elle le landau dans lequel sommeillaient les jumeaux nouveaux nés Tim et Tommy.
- Quel manque de savoir-vivre! Mais le Superviseur n’a pas choisi sa compagne sur ce critère! Sourit Brelan. De toute manière, il est temps aussi pour nous de rentrer, Camille.
Interpellée, la fillette s’empressa de venir, répondant aux ordres de sa mère. Camille était une adorable petite fille modèle avec de longues boucles anglaises blond-roux, un teint de velours et des yeux noisette. Vêtue de pantaloons de percale, d’une robe de coton fleurie, de chaussures plates, elle avait un je ne sais quoi d’une des héroïnes de la comtesse de Ségur!
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Alors que Veronica retournait également chez elle, Johann Sebastian se pointait dans le bureau de travail du Superviseur.
- Je sais pourquoi vous venez me trouver, jeta le commandant Wu le visage sombre. Un nouveau escamotage…
- Cette fois-ci, Mein Herr, das war mein Garden!
- Ho! Le salon de musique! Je pensais qu’il s’agissait d’une autre de vos partitions, une fugue en mi majeur pour viole…
- Nein. Wolfgang ne devrait pas tarder! C’est lui qui a perdu sa partition! Une pièce concertante inédite pour cor et hautbois, dans la tonalité de E dur, justement! 
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- Hum… Quand on parle du loup…
Effectivement, Mozart sonnait à la porte, se montrant ainsi mieux éduqué que le Cantor!
En phrases rapides et hachées, Wolfgang s’expliqua.
- Superviseur, c’est inadmissible! Des voleurs dans la Cité! Qui a pu se rendre coupable d’un tel méfait? Ces moutons mal lavés prévaricateurs et spéculateurs?
- Halte là, Wolfgang! Pas de propos racistes, ici! Jeta le commandant Wu sévèrement.
- Que fait le service d’ordre? Vous allez me faire regretter la police de l’empereur Joseph II! 
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- Ce n’est pas un vol, mais un effacement, le renseigna Johann Sebastian.
- Un effacement? Ich verstehe nicht!
- Comment? S’étonna l’Allemand. Vous n’avez pas remarqué que, depuis quelques semaines, des œuvres d’art disparaissaient de la Cité comme si elles n’avaient jamais existé? De plus, nos mémoires aussi subissent des altérations! Il est arrivé la même chose à Liszt il y a peu! Il ne se souvenait pas d’avoir composé Un Sospiro!
- C’est tout à fait exact, pensa le Préservateur. Par contre, inexplicablement, le Cantor se rappelle cela! Aïe! Les choses se compliquent, tout s’entremêle… Et maintenant Alexandre Dumas père qui se pointe!
Quelques secondes plus tard, Dumas en personne se plaignait de l’évaporation des vingt premières pages de son nouveau roman intitulé « La reine Blanche » dont l’intrigue avait pour cadre historique la conspiration de Pierre Mauclerc contre le jeune Louis IX. La reine Blanche n’était autre que la veuve du défunt Louis VIII, autrement dit Blanche de Castille!
- Comment vais-je faire, maintenant? Soupirait le géant à la peau bistre et à l’œil bleu.
- Recommencer, tout simplement, répondit pince-sans-rire Daniel Lin. Vos renseignements, vous les avez obtenus facilement, n’est-ce pas?
- Euh… oui. J’ai sous la main un témoin fiable, le jeune comte Geoffroy…
- Oui… son père a trempé dans la conspiration. C’est pour cela, qu’ à peine âgé de quinze ans, le comte d’Évreux a dû fuir les guerriers de la reine Blanche!
- Exactement, dissimulant dans sa fuite un précieux parchemin signé de son père et contenant tous les tenants et aboutissants de cette « trahison »! Le comte Baudouin avait ses raisons pour rompre le serment de l’hommage lige vis-à-vis de son suzerain!
- Bien, Alexandre… Allez rejoindre Geoffroy, dites-lui que vous avez perdu le manuscrit et prenez de nouvelles notes.
- Il va se gausser de moi et m’envoyer pendre! Vous le connaissez fougueux, vif et peu compréhensif!
- Inventez quelque conte crédible, mon cher! Ce n’est pas l’imagination qui vous fait défaut, non?
- J’entrevois une fable…
- Alors, je ne vous mets pas à la porte mais…
- C’est tout comme! Rit Alexandre.
- Messieurs, c’est valable pour vous aussi! Fit le commandant Wu avec un sourire impossible à rendre.
- Vous promettez de remédier à ces troubles? S’inquiéta Johann Sebastian.
- Bien sûr! Voilà pourquoi je vais voyager à l’extérieur de la Cité! Le phénomène qui est à la source de toutes ces disparitions a pour origine la France du XIXe siècle!
- Oui… Inutile de vous éterniser en explications techniques, articula Wolfgang nettement. Aucun de nous trois n’a fait des études scientifiques… autant donner du grain à moudre à un âne!
- Messieurs, lorsque l’expédition aura porté ses fruits, vous en serez les premiers informés, je vous le jure!
Sur ces paroles, les trois plaignants se retirèrent, pas pleinement rassurés, mais calmés. Resté seul, le Préservateur ferma ses yeux et se concentra. Loin, fort loin de là, ailleurs, mais alors véritablement ailleurs, quelque chose ou quelqu’un frémit, carillonna imperceptiblement, le Pantransmultivers soupira et vagit…
«  Oui, je ne t’oublie pas… Je suis et ton Gardien et ton Catalyseur! »
À son tour, le Superviseur s’estompa de cette réalité pour se rendre… allez savoir où!

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La liste des membres de l’expédition était définitivement établie. Avaient été sélectionnés:
- le commandant Daniel Lin Wu Grimaud,
- le commandant Benjamin Sitruk,
- le capitaine Symphorien Nestorius Craddock,
- le docteur Lorenza di Fabbrini Sitruk,
- le lieutenant Spénéloss,
- l’aventurier Frédéric Tellier,
- son aide, le jeune Guillaume Mortot,
- l’adolescente quart de métamorphe Violetta Sitruk,
- le comédien Erich von Stroheim, 
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- les acteurs Louis Jouvet, Jean Gabin,
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 Michel Simon, Marcel Dalio, Julien Carette, Pierre Fresnay,
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- le jeune comte Alban de Kermor qui servirait d’ordonnance à von Stroheim,
- le baron Gaston de la Renardière,
- le retraité Saturnin de Beauséjour,
- et… miss Deanna Shirley De Beaver de Beauregard, qualifiée à la dernière seconde! 
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Maintenant, il restait à chacun à bien connaître son rôle! C’était à quoi s’attelait le commandant en titre de cette mission. Il définissait ce que chaque membre de l’expédition devait faire. Bien évidemment, il tenait compte des qualités et potentiels de ses femmes et de ses hommes. À noter qu’il n’y avait parmi eux qu’un seul extraterrestre, le lieutenant Spénéloss. Cela était facilement explicable. L’Hellados pouvait passer pour un Méditerranéen, un Syrien, un Italien du Sud ou encore un Ibérique. Cela aurait été plus délicat pour un Castorii ou une Castorii avec leurs yeux de cristal et leur teint blême, aussi pâle et crayeux que celui d’un Nosferatu! Quant aux Marnousiens, Otnikaï ou autres, ils auraient déclenché la panique et la terreur. Inutile de citer les Kronkos, les félinoïdes ou encore les lycanthropes!
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A suivre...

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