Antiquitas et Rinascimento
A l'ombre de la lune gibbeuse brillait l'étoile du matin.
Versifiait la poëtesse en la forêt profonde, harmonie des quatrains!
Assise contre la souche moussue rongées de cryptogames
Tandis que l'orbe d'ambre jaunette diaprait toute son âme.
Inclusion des saprophytes par la muse inspirée
D'Hypatie en l'urbs alexandrine fanatisme expiré
Honnissant Terpsichore et délaissant la cognoissance
Des astronomes anciens jusqu'à la Renaissance!
Cléophée en la tholos à Zancle et à Rhegion
Mesurant l'écliptique d'Astrée tandis qu'au psaltérion
Ses doigts nonpareils d'albâtre blême égrenaient
Le péan d'orichalque alors que complotaient
Les presbytres théodosiens offrant en holocauste
La virginale nymphe jetée en l'hypocauste!
Par l'équant de l'Almageste l'astronome mystagogue
Dupée par polémarque archonte et par le démagogue
Fut occise par foule analphabète détournée de la glèbe
Jetant bas la sapience au profit de la plèbe!
Lyre inspirée par le canthare, mon Hypatie, ma brune mie
Où la grappe pourprée foulée par l'ennemi
Se mêla à ton sang, jaspant les dalles du temple d'Uranie!
Poëme orphique que le coryphée fol voua aux gémonies!
Depuis le Pausilippe en passant par l'Aulide et jusqu'à Eleusis
Le courroux d'airain de Théodose tua l'ampélopsis!
Bigarrée multitude d'où naquit l'obscurantisme
Sur les ruines helléniques où le myrte coriace
Persista épineux lors qu'on le crut fugace!
S'épandit en Gaïa l'ombre du fanatisme
Religion hypocrite convertissant monarques
Prêchée par faux prophètes avant que vînt Pétrarque!
Aux siècles obscurs enfin succéda la Science
Toujours renaissante, persistant en conscience
Ficin, Pic, Léonard, par delà les nuées,
Vous sauvâtes par vos opimes œuvres la vie civilisée!
Païenne suis et je le revendique,
Fille aimée de Sapho en agrestes colchiques!
Elephantis me guide et le jais de tes boucles
Suaves embaumements, subtiles escarboucles
D'organsin, de lilas, engendrent mon extase
De blonde marmoréenne au long péplos de gaze!
Aurore-Marie de Saint-Aubain : Iambes gnostiques (1887).
Passion en Achaïe
Aime donc en ton cœur et non point en ton corps.
Exprime ton ouvrage, songe à la fin'amor.
Arabesques de syrinx, dolente au chaume d'or,
Te voilà donc enfin, vaporeuse Aliénor!
Bonne d'entre les bonnes, Alma Mater
Egide protectrice en suave finistère
Doux parfum balsamique, en ton drapé austère
Exsudant les passions, sous le feu du cautère!
Sacrifie à Vesta, ô ma vierge inspirée!
Floraison de la nymphe, ô ma dryade d'Egée!
Coiffée de giroflées, sortie de l'hypogée!
Tu émergeas de l'onde, anadyomène fée!
Art de toucher l'étoffe de percaline et la subtile soie
De ta parure mellifère bouclée telle que je la vois
Mystique fleur rosée au pistil du doux mois,
Du mai d'or pur exprimé en Hélios par ta sublime foi!
Aurore-Marie de Saint-Aubain : strophes monorimes in : « La Nouvelle Aphrodite » (1888)
Le voyage magique
En la Nouvelle Zemble l'ultime explorateur
Vit le palais de glace du premier Empereur.
Au tertre du temps fini à l'incise sacrée
Le cristal d'eau limpide luit à l'hiver sans gré.
Mausole au lactescent tombeau d'éternité songeuse
Rêve du Scipion d'armoise en cornaline trompeuse.
Camée d'onyx d'Erétrie en sylve giboyeuse
Luminaire du Veau d'or par la Lune gibbeuse!
L'homme vint au fronton en la stoa stuquée
Propylées de tourmaline, transparentes cariatides
Qu'en l'Eternel ton dieu l'orant de la Colchide
Se prosterna, Bona Dea, t'offrant le vin musqué!
La virginale gentiane de cristal translucide
Quintessence des amours et de la mort lucide
Baiser du velours froid et de l'ardent combat
Que le pôle en Arctique comme l'âne du bât
Charge de mille pondéreux maux l'humanité honnie
Des mânes de Jupiter au Ciel de Pandore, je sacrifie l'hostie.
Introït de la Cène, Pantocrator en croix,
J'ai choisi l'Apostat plus tôt que ne le crois.
Le fruit sensuel du stupre et la pomme opiacée,
M'invitent à la jouissance lascive de la leste Haydée!
Précieuse et captieuse intaille en cul-de-basse-fosse,
Qui brille malgré la fange sous l'immonde colosse.
Lorsque Memnon chanta la coupe se brisa
Epandant sa fragrance, son liquoreux cédrat.
L'explorateur franchit le seuil sans le gardien bouddhique
L'azur de lait céruléen abeausit l'aréopage elfique!
Confucéen, tremble devant ma puissance!
Le Pouvoir peut encor t'échapper, ce, depuis ma naissance!
Le temple d'or de Nanak et Kabîr referme sur toi son huis
Quand l'esclave au gong, le bonze qui me suit
Tels Narcisse et Pallas les affranchis de Claude
Le bègue étruscologue prie pour moi lors des laudes!
Je me vautre en Vénus parmi les orgiaques vestales.
Les paradis artificiels sont pour moi supplice de Tantale,
Mais la plus belle des brunes à la tunique de mousseline
S'offre à moi, poëtesse évanescente drapée de percaline!
Moi, l'élue de Lesbos, j'ai bien droit à la Vie!
Je suis la pure prêtresse d'une culture abolie
Et l'ennemi intime ne peut me détrôner
Tel qu'il gît en son terme aux profondeurs du gouffre
Des éléments de Tchin, du Dragon de métal, de bois, de feu de soufre
De terre et d''eau en son céleste Empire qu'on ne peut éluder.
Daniel, mon bourreau, ne me tue point, toi qui te dis divin!
Guéris moi de mon mal, du feu de ma poitrine ; à toi sera le Royaume!
A toi le monde, tous les mondes pluriels et à moi les catins!
Car tu es l'Adversaire le Sauveur et le baume!
Aurore-Marie de Saint-Aubain : poème composé après l'affrontement contre Daniel Wu (1888)
Ode en forme de stances à une jeune mendiante aux cheveux de lin
Et vous, mes chantres, Coppée et Richepin!
Oyez la tragique complainte,
L'ode à la jeune mendiante qui expira sans plainte!
Si belle dans ta misère noire!
Hâve, tu errais de par les venelles,
Quêtant ton pain bis, rêvant choses éternelles!
De tes yeux pers aux reflets d'opaline,
Tu souffrais de ta faim, le soir en ta chaumine!
Si belle dans ta misère noire!
Nuls dessous, nul linge, sous ta robe sordide,
Posée à même ta peau, harde horrible et morbide!
Sans chemise ni sabots, les pieds nus et marbrés,
Ton corps couvert d'ulcères, d'escarres, avait lors jà sombré!
Si belle dans ta misère noire!
Plaies ouvertes, ampoules sanguinolentes,
Tu boitais en la sente!
Tes poumons épuisés, rongés par la pulvérulence,
Exhaustaient en tes bronches ton hectique abstinence!
Si belle dans ta misère noire!
Merveilleux mais crasseux, ton visage était las!
Madone adolescente, tu pleurais en la place!
Tes joues émaciées, tes cheveux de lin jaune,
Infestés de vermine, te vouaient à l'aumône!
Si belle dans ta misère noire!
Ton ventre criait sa vacuité, mais nul ne l'écoutait!
Ta maigreur christique indifférait les laids!
Ces pansus, ces repus, blasés de leurs milliards,
Ne jetaient à ta paume tendue, ni sol, ni teston, ni liard!
Si belle dans ta misère noire!
Les rats morts faisaient ton ordinaire!
Tes dents déjà gâtées croquaient ces délétères
Immondices innommables, restes des cuisines des bouchons,
Ordures délectables dans tes bras maigrichons!
Si belle dans ta misère noire!
Le pauvre médiéval, devoir de charité, image du Sauveur, ô Imago Dei!
Ne te concernait plus, mon amica mei!
Hephtalite beauté, mon bel ange efflanqué,
Vaincue par l'égotisme, prolétaire, sois marquée!
Si belle dans ta misère noire!
Tes pieds meurtris, tes jambes souillées d'une fange implacable,
Deçà-delà, révélaient à ces pleutres incapables,
Ces pendards pendables, des taches de moisissure,
A celles du bleu des Causses semblables, varices de pourriture!
Si belle dans ta misère noire!
Le roquefort grouillant de vers et la pie au fromage,
Exhalaient moins de puanteur que ton affreux ramage,
Du même fichu vêtue, qu'il vente, pleuve ou neige,
A tes haillons insanes, poux et mouches s'agrègent!
Si belle dans ta misère noire!
Ton immense regard de turquoise dévorait ton visage!
Pauper translucide, contemple là ces ravages,
Aux bris du miroir ébréché, à la psyché sans tain,
Révélation de la mort approchant, de tes espoirs vains!
Si belle dans ta misère noire!
Jeunesse enfuie, nulle enfance pour toi!
Ta mère morte en couches, là, sous ce méchant toit,
Destinée à partir, à gésir à même le grabat, froide en son galetas!
Retour de l'assommoir, d' absinthe bien rempli, ton père te rejeta!
Si belle dans ta misère noire!
Pucelle ne fus plus, battue par géniteur, par l'inceste trahie!
Lors nubile, tu tentas péripatéticienne vie!
Exutoire ridicule car tu étais sans formes : trop malingre pour l'homme!
Chue au plus bas des étages, pour toi, nul écot, nulle somme!
Si belle dans ta misère noire
Tes dents pourries tu ne pus vendre, ni tes cheveux trop sales,
Ton Lycée et ton Académie furent de sordides dédales!
Rose de Ronsard mal éclose, gentil aubépin jà fané,
Par Malherbe ton éloge funèbre, par De Viau, tes stances profanées!
Si belle dans ta misère noire!
Fière matrone, fille d'un clarissime,
Lamento de Monteverde, Jephté du Carissime!
Lors en l'antique villa, tu n'aurais point déplu!
De Valentine Visconti, tu prendras la devise : « Plus ne m'est rien, rien ne m'est plus! »
Si belle dans ta misère noire!
Jà pour ton éloge l'antépénultième strophe!
Fille d'Alcée, partageons avec toi l'ultime catastrophe!
Un soir, une bougie de suif embrasa ton taudis!
A la rue désormais tu dormis, va-nu-pieds que le shaitan maudit!
Si belle dans ta misère noire!
Vinrent l'hiver et la froidure, vint te quêter le Vieillard Temps!
Implorante tu fus : « Va-t'en! Va-t'en, lui crias-tu! Je n'ai que dix-sept ans!
Ce n'est point l'âge pour mourir! Sire Temps, aie pitié de moi, pauvre poupée de chiffons!
Écoute ma petite voix! Certes, j'ai grand froid et grand'faim, mais laisse encor un répit à la
[pauvre Lison! »
Si belle dans ta misère noire!
Tu crevas en silence, à même le pavé,
Exsudant, suant jusqu'à ton dernier souffle ton paupérisme sublime!
Transfiguré fut lors ton corps hectique : tu expiras en souriant sous les flocons opimes!
L'indifférence des passants fit fi de la juvénile pauvresse dont le cadavre bien tard fut enlevé.
Du cloaque de la traboule tes miasmes attirèrent l'attention :
Depuis trois jours partie, mais point décomposée : la pestilence venait de tes haillons!
A la morgue glacée un temps tu reposas : jeune indigente inconnue, telle on t'identifia!
Sans nom tu demeuras, ô, ma Lison, ma souffreteuse mie!
On te lava enfin, révélant ta beauté de porcelaine et ta blonde alchimie!
Personne ne vint te réclamer : à aucun parent adonc on ne confia
Ta dépouille que l'on enveloppa dans un méchant et blanc linceul!
A la fosse-commune, sans même une bière, ton sac fut jeté!
De la chaux vive te recouvrit, puis le fossoyeur, seul
A tes funérailles, à jamais t'ensevelit, anonyme, oubliée, sans nulle identité!
Au Ciel désormais tu reposes pour les siècles des siècles, si belle dans ta richesse blanche! »
Aurore-Marie de Saint-Aubain : Pages arrachées au Pergamen de Sodome (op. Posthume 1924)
Et tenebrae super faciem abyssi.
A Joris-Karl Huysmans
Le sang du taurobole retombe sous mes pas
Car les chairs consacrées consument mon trépas.
En la souche de pourriture l'épitaphe de porphyre
Voit gésir dans ma couche Sapho qui las soupire.
Archaea!
De passage à Gérone pour un prétexte futile
Exténuée par mon voyage, moi, la muse gracile
Je remarquai le bâtiment basilical à l'ombre du gros horloge
Renfermant en ses trésors l' ostension de la toge
Tapis de la Genèse en reliquaire sacré
Révélation du Monde en sa couleur ocrée.
Un frate était là, en sa bure sinistre
Décharné, ascétique, réclamant le ministre
De Dieu en égrenant grain après grain
Le chapelet de buis, psalmodiant les mots saints!
Frère prêcheur ergotant sous son froc,
Ordre mendiant de l'édenté lépreux
Pauvre parmi les pauvres ô Christ doucereux!
Ce vivant squelette attendait que le soc
De la charrue de mort vînt à le retourner
Vers la terre mère. Et je me détournais
De ce visage hideux quoiqu'il fît fort sombre
Absorbée par le tapis ancien qui chatoyait dans l'ombre
Mythe de la Création, du Monde Originel
Chaos, tohu-bohu, tréfonds de l'abîme
Où chut dans les abysses le pécheur mortel.
Le décharné défiguré me vit, blonde sublime!
Contrant le démon tentateur son admonestation,
Fulminant l'anathème et la persécution
L'ascète hiéronymite défia le théatin alors que le servite
Sur le mont Palatin eût préféré me voir escortée d'un lévite.
L'haleine de mort du fanatique exhala ses relents.
Je toussais comme au croup en mon corps dolent!
Il maudit la sorcière, la blonde érubescente
Aux boucles torsadées, à la peau lactescente!
Aux songes du vergier et du vieil pèlerin
Je préfère le viandier et le preux pérégrin.
Le Frère Savonarole jeta à ma figure :
Monerem!
Et je fus transportée à Venise
Diaphane prêtresse à l'austère robe bise.
La lugubre gondole où le noir abbé Liszt
L'anthracite clergyman franchit le Rialto
En l'onde de ténèbres dormantes où lors le sospiro
Me signifie : « Lis, lis ton nom sur la liste
Des trépassées prochaines : vois Venise et meurs donc! »
« Non, cela ne se peut! Oncques
Ne puis mourir, oncques ne puis gésir! »
Infusoria!
Le murex au sang de bronze en Hellade voué
Trésor de Priam, ô Vierge de Vouet!
Buissons de roses, volubilis et clématites
Qu'aux cattleyas embaumants la féconde étamine
Me plonge en la grotte de Glaucos aux brunes stalactites!
J’erre dans les dédales de la profonde mine!
Rêverie de la païenne, entends alors le sol!
Entends-le remuer : le mort ressuscite et le vieux moine est fol!
Il s'extirpe de la terre, ô mythe des Trois Morts!
Fresque où s'effraient les Trois Vifs, danse macabre
Pourriture des huiles exsudant des cinabres!
Saltarelle des os, charognes aux miasmes forts!
Et je dis :
Maedusa!
Bonze du Thibet, Randong, initie-moi!
Cénobite prêcheur, momie vivante desséchée en ta foi!
J'étais ta néophyte bien que je fusse prêtresse
D'un culte ostentatoire pour la bonne déesse!
Piscis!
Miracle de Théophile, prophétesse de Bastogne,
Par Velléda, je marque mon rejet du carme déchaussé échaudé en chaux vive,
Du frère ignorantin au convent de Bologne
Et du tiers ordre franciscain car sylphide fugitive!
Peu chaut aux caves yeux du moine thibétain
En robe safranée, morbide reflet en la psyché sans tain
Que ma consomption de dryade me ronge et me condamne
A reposer en terre alors que Dieu me damne.
Dois-je donc faire fi du Christ Rédempteur?
Suis-je Lesbia, Hypatie ou Myrto, ô moine contempteur?
Emergeant du caveau, de la bière corrompue
Au Jugement Dernier le Juge me conspue!
Urodeles!
Il est de la Genèse comme de divers récits.
Du Fiat Lux, de l'Almageste, je n'en ressens qu'un cri
Dans la haine de l'Ecclesia nobis me voici confortée
Face à la bure idoine céans en nef hantée.
Par le spectre de la Rose, de mon amour premier
Pour Charlotte, ô cœur sanglant et mon lierre trémier.
Le serpolet, l'herbe coriace m'invitent à la souffrance
Me roulant dans les ronces, tentée par l'abstinence.
Mais l'appel est puissant : pénitente, ne te convertis point!
Refuse ta phtisie, enquiers-toi de tes soins!
Reptilia!
Orbe de Séléné vague à l'heure de complies
La Légende Dorée, la châsse de Marie
De Magdala où les saintes reliques
Vraies, fausses, que sais-je?, je réplique
Forment l'incrustation suprême du Logos jovien.
La fructifère pulpe, le minéral métallifère
Du Pan, du Tout, de Celui qui est mien
Hypostase quadruple de l'elfe luminifère!
Avis!
Le moulin à prières et la crécelle de cuivre
Du natif métal sollicitent la nymphe.
Je songe au Parthénon, dolente en ma lymphe
Et je m'interroge : « Dois-je le suivre? »
Mammalia!
Echelle de Jacob, ô arbre de Jessé!
Beata stirps, encensoir, ô dictame empressé!
Mon ancestrale lignée des soyeux lyonnais
De ma terre natale, des contrées du henné,
Me porte à célébrer le Livre de l'Impure,
D'où émergea Hécube avant que l'on épure
L'album sénatorial, l'Ordo à l'anneau d'or.
Car je devais le cens, en l'encens, en la myrrhe
Du Mage d'obsidienne en buis de mélampyre
En la saison des pluies et non plus du raifort!
Lemuria!
Ames errantes des lémures, enfers de la lyre d'Orphée
Je passe le Tartare, le Léthé et Charon me conduit
En la barque du céleste Dragon d'ivoire alors que Cléophée
Entonne en l'honneur d'Hélios en coelestium orbis le péan de Mauduit!
Oublié compositeur aux mélismes coruscants,
Harmonie antérieure au Cantor, à l'organum distant!
Et le singe fait l'Homme, rejette la nature
Dépouillé de sa peau, de sa cryptique vêture!
Je nais une seconde fois de par le transformisme
Et je me meus, Maudit, haïssant l'angélique irénisme
Car les Béatitudes, cela ne me sied point!
Je suis la nouvelle Eve, quoique d'un ordre ancien!
A la ramée des pins, je préfère les foins,
La bruyère désolée et les sphaignes du Rien!
Simii – Ecce Homo!
Car en moi pour les siècles des siècles
Les choéphores tragiques le savent depuis Thècle
Revit l'Antiquitas, le naos du vieux Temple
Du temps où les dieux lares arboraient toge ample,
Où la Bona Dea en Parthénogenèse
M'accueille en Son giron après l'hématémèse!
Maintenant et à l'heure de ma mort.
Amen.
Aurore-Marie de Saint-Aubain : Iambes gnostiques (1887).
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