« PIETRA VIVA » de LEONOR DE RECONDO
(Collection « Points ». 2021. 182 pages).
Texte de M-H JEANGERARD
Un petit bijou littéraire, à découvrir. La découverte est passionnante. Léonor de Récondo gagne à être connue du grand public, et plus encore du « Café Littéraire ». Elle a 45 ans, et plusieurs cordes à son arc…je devrais dire à son archet !! En effet, elle est violoniste, soliste dans un orchestre de musique baroque, rien que ça ! Ecrivaine, auteure de plusieurs ouvrages entre 2010 et 2020, déjà lauréate de plusieurs récompenses littéraires, ce seul titre m’a convaincu : « Pietra viva », pierre vivante, j’aurais tendance à dire « pierre qui vit », tant l’histoire de cette pierre nous entraîne, à travers Michel-Ange, vers notre humanité.
Qui ne connaît pas MICHELANGELO BUONAROTTI ?
La Sixtine, la Piéta,
Moïse, David, les relations plus qu’orageuses avec les grands de son époque, en particulier le Pape Jules II. De tout cela, il n’en est pas vraiment question dans ce livre,… qu’on peut lire en une ou deux soirées. Le Michel-Ange que Léonor de Récondo nous raconte n’est pas le génie que se disputent les grandes cours de la Renaissance italienne. C’est un homme, simplement, un homme pétri d’humanité.
Le canevas est très simple. CARRARE.
Buonarrotti, génie tourmenté, homosexuel, a été chargé par le Pape Jules II
de choisir, de faire tailler, transporter à Rome les blocs avec lesquels il devra réaliser le tombeau du Pontife. En réalité, Michel-Ange fuit. Il fuit, parce qu’il cherche son ami défunt, qui ne fut pas son amant, mais qu’il aime toujours passionnément : Andréa est mort, mais on ne saura jamais pourquoi ni comment. Cette fuite va se « cristalliser » - si j’ose dire - à travers cette pierre, qu’il fait vivre, effectivement, sous nos yeux.
Et le récit linéaire va nous montrer le sculpteur dans son travail de tous les jours, qui regarde, « ausculte » les pierres, les caresse, les choisit, vit avec elles. L’accident, la mort, sont toujours proches.
La mort, Michel-Ange la connaît. Sa mère, l’épouse de son ami, morte en couches, le tailleur, broyé par un bloc,…et surtout, sorte de refrain funèbre, son ami Andréa.
Michel-Ange face à ses souvenirs, face à la mort, mais aussi enrichi par ses rencontres. Ses amis, Topolino et Cavallino, « l’espion » du Pape, et surtout MICHELE, l’enfant orphelin, qui ne cessera de l’interroger - dans tous les sens du terme. Ainsi, à chaque chapitre, de trois ou quatre pages au plus, nous découvrons l’homme, le vrai, un personnage presque baudelairien…
Enfin, en contrepoint, par petites touches, les grandes ombres de la Renaissance : Laurent le Magnifique, Pic de la Mirandole,
Botticelli, et aussi Savonarole, les Borgia…
Elles affleurent aux souvenirs du héros, et nous donnent d’autres envies de lectures.
Voila. L’ouvrage est court, fait de chapitres courts, de phrases courtes. Il peut ne pas plaire. Il m’a plu parce l’homme raconté par Léonor de Récondo peut être notre portrait…Un bon sujet d’échanges, pour un futur Café Littéraire !
M-H JEANGERARD
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