« Le Bastion des larmes » d’Abdellah Taïa – Ed. Julliard
L’auteur y décrit comment les lois et la société, dans leur symbiose oppressive, empêchent les histoires d’amour entre hommes de s’épanouir au grand jour, créant une atmosphère étouffante pour ceux qui ne se conforment pas aux normes sexuelles dominantes. Ce roman dépasse la simple narration : il reflète un contexte marocain politique et social complexe, particulièrement pour les populations vulnérabilisées.
À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, pour liquider l’héritage familial. En lui, c’est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre. À travers lui, les voix du passé résonnent et l’interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique.
« Le Bastion des larmes » d’Abdellah Taïa, est en résonnance avec « 2084 : la fin du monde » de Boualem Sansal - paru en 2017.
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Nous avons parlé de Boualem Sansal au dernier Café Littéraire, et nous avons pensé que lire ou relire ses ouvrages était un soutien à cet écrivain, arrêté à l’aéroport d’Alger le 25 novembre 2024, en rentrant d’un salon du livre en France et emprisonné par le régime algérien ; certainement victime des différends politiques entre la France et l’Algérie.
« 2084 » de Boualem Sansal
En 2015, Boualem Sansal publie « 2084 : la fin du monde », un roman dystopique inspiré de 1984 de George Orwell. Ce livre, qui décrit un régime totalitaire islamiste, reçoit le Grand Prix du roman de l'Académie française.
L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. Mais un homme, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur un peuple de renégats qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion.
Au fil d’un récit plein d’inventions cocasses ou inquiétantes, Boualem Sansal s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux.
Il publie « Le Village de l'Allemand ou le journal des frères Schiller » en 2008, que nous avons lu au Café Littéraire, un roman qui aborde les thèmes de la mémoire et de l'identité à travers l'histoire de deux frères découvrant le passé nazi de leur père. Ce livre a été récompensé par le Grand Prix RTL-Lire et le Grand Prix de la francophonie de l'Académie Française.
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A été proposé, en dehors de la liste des romans, un beau livre de photographies :
« Le photographe, Alexis Vettoretti, auteur de la série « Paysannes », primée, est parti depuis 2013 à la rencontre des femmes françaises, filles et femmes de paysans nées dans l'entre-deux-guerres, témoins d'une époque révolue et dans laquelle, pourtant, elles vivent toujours
« Paysannes » d’Alexis Vettoretti : « Ce fut un choc de découvrir qu’une réalité sociale d’hier était là, sous mes yeux, vivante » Guillaume Delacroix
La romancière Marie-Hélène Lafon signe les textes : « Je les reconnais ».
« Des visages creusés de sillons, une posture fière, le regard profond. À partir de 2013, le photographe a parcouru les campagnes à la rencontre de femmes nées dans la première moitié du XXᵉ siècle. Ses photos racontent des vies subies, passées entre la ferme et la cuisine, faites de labeur et d’acceptation. »
« Bonne lecture à toutes et tous »
Michel Antoni et Michèle Pouget
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